Les routes barricadées par des barrières métalliques, des policiers qui contrôlent l’entrée du métro et des canons à eau en alerte permanente, voilà à quoi ressemble depuis quelques semaines l’entrée du campus de l’université du Bosphore d’Istanbul (Bogazici en turc), l’une des meilleures du pays. Depuis le 4 janvier, les étudiants et le personnel y sont mobilisés contre la nomination par le président Erdogan d’un nouveau recteur.
Jusqu’à présent, les enseignants de l’université élisaient démocratiquement un des leurs à ce poste. Le parachutage autoritaire de Melih Bulu – un homme d’affaires dont la seule légitimité académique semble être ses liens avec le parti présidentiel de la justice et du développement (AKP), pour lequel il a été un candidat aux législatives de 2015 – devait permettre de faire rentrer l’université dans le rang. C’est le contraire qui s’est produit.
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«Nous savions que notre combat serait long mais nous ne pensions pas qu’il aurait cette portée», s’étonne Mehmet Altundag, un étudiant en science politique et sociologie. Le mouvement du Bosphore a pris une ampleur nationale début février, après l’arrestation de plusieurs centaines de personnes au cours de manifestations. Erdogan a immédiatement qualifié les manifestants de «vandales» et de «terroristes», agitant le spectre du mouvement d