Un photographe de l’Agence France Presse Yasin Akgül, arrêté lundi 24 mars par les autorités qui l’accusaient d’avoir participé à une manifestation interdite qu’il couvrait en tant que journaliste à Istanbul, a été relâché ce jeudi, a annoncé à l’AFP son avocat. Une décision de remise en liberté a également été prise pour huit autres journalistes arrêtés pour les mêmes motifs lundi à Istanbul ou à Izmir et également incarcérés, selon l’association turque de défense des droits humains MLSA. Parmi eux figure le photographe Bülent Kiliç, ancien salarié de l’AFP dont le travail a été récompensé par de nombreux prix internationaux. La libération des journalistes incarcérés à Istanbul sera effective dans les prochaines heures, selon leurs avocats.
Les huit journalistes avaient été interpellés lundi à l’aube à leur domicile, accusés d’avoir participé à des rassemblements interdits par les autorités, confrontées à une vague de manifestations déclenchée par l’arrestation le 19 mars du maire d’opposition d’Istanbul, Ekrem Imamoglu.
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Leur arrestation avait suscité de nombreuses condamnations internationales. «La libération de Yasin Akgül est bienvenue et constitue la réparation d’une injustice monumentale. En tant que RSF [Reporters sans Frontières, ndlr], nous demandons la libération de tous les autres journalistes qui ont été privés de leur liberté par un traitement totalement injuste», a déclaré à l’AFP Erol Önderoglu, représentant de RSF en Turquie. «Ces journalistes n’ont fait que leur travail. Ils n’ont rien à faire devant un tribunal. Ils doivent être absolument remis en liberté», avait aussi déclaré Thibaut Bruttin, directeur général de l’ONG engagée pour la liberté de la presse, dans une interview à l’AFP.
Deux journalistes arrêtés à Izmir (ouest), la troisième ville du pays et le bastion de l’opposition, sont toujours en garde à vue ce jeudi, selon une ONG.
La Turquie est traversée par un mouvement de contestation porté par la jeunesse. Les manifestations se poursuivaient encore mercredi, une semaine après l’arrestation du principal rival du président Recep Tayyip Erdogan. En une semaine, la police a interpellé plus de 1 400 personnes accusées d’avoir participé à des rassemblements illégaux, selon les autorités. D’après l’agence de presse étatique Anadolu, 172 personnes ont été placées en détention à Istanbul ces derniers jours pour provocations et violences ou pour avoir dissimulé leurs visages lors de manifestations.
Mise à jour à 10 h 45 avec la libération de huit journalistes.