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Libération
Coup de filet

Turquie : plus de 120 arrestations à Izmir, fief de l’opposition à Erdogan

L’ancien maire de la municipalité, bastion du Parti républicain du peuple, ainsi que des hauts fonctionnaires figurent parmi les personnes arrêtées ce mardi 1er juillet. Une opération similaire s’était tenue en mars contre la mairie d’Istanbul.
Un drapeau du Parti républicain du peuple (CHP) lors d'une manifestation à Istanbul, le 30 octobre 2024. (Yasin Akgul /AFP)
publié le 1er juillet 2025 à 13h33

Les autorités turques ont visé de nouveau l’opposition en arrêtant plus de 120 membres de la municipalité d’Izmir, bastion du Parti républicain du peuple (CHP) social démocrate, dans l’ouest de la Turquie, lors d’une opération similaire à celle menée en mars contre la mairie d’Istanbul. Au total, 157 mandats d’arrêt ont été émis, rapportent les médias locaux dont le quotidien Cumhuriyet et la chaîne de télévision privée NTV.

«L’ancien maire de la municipalité métropolitaine, Tunç Soyer, de hauts fonctionnaires de l’époque et notre président provincial, Senol Aslanoğlu, ont été arrêtés aux premières lueurs du jour. Nous sommes confrontés à un processus similaire à celui d’Istanbul», a écrit sur X Murat Bakan, vice-président du CHP, premier parti d’opposition qui gère la troisième ville du pays. Les accusations portées contre ces personnes, selon lui, ont déjà «fait l’objet d’enquêtes» : «Leur adresse est connue […] Si elles étaient appelées à témoigner, elles se présenteraient».

«Cette arrestation à l’aube n’est pas une obligation légale, mais un choix politique clair», dénonce-t-il aussi dans son long message sur X. Le porte-parole du CHP Deniz Yucel qui a annoncé se rendre à Izmir «par le premier avion» appelle «le Barreau d’Izmir à agir en solidarité contre d’éventuelles injustices et violations des droits».

En plus des personnes déjà citées, la chaîne NTV mentionne un ancien secrétaire général de la municipalité métropolitaine, le responsable d’une compagnie locale de travaux publics, ou encore un membre de la chambre de commerce d’Izmir.

Le 19 mars, une opération semblable pour «corruption» a été conduite contre le maire CHP d’Istanbul Ekrem Imamoglu, emprisonné depuis, qui fait figure de favori pour la prochaine présidentielle en 2028 face au président Recep Tayyip Erdogan. Plus d’une centaine d’élus et de proches de l’édile avaient été également arrêtés. Ces arrestations avaient jeté des dizaines de milliers de manifestants dans les rues des principales villes de Turquie, dont Istanbul, Ankara et Izmir. Et des milliers de personnes ont été arrêtées pendant les rassemblements.

Dans le viseur

Le CHP, parti fondé par le «père» de la république turque Mustafa Kemal «Atatürk» et première force d’opposition au Parlement, est par ailleurs dans le viseur du pouvoir qui l’attaque en justice pour «fraude» lors de son dernier congrès. Cette procédure risque de destituer Ozgur Ozel, le leader actuel du parti, élu en novembre 2023.

Le CHP estime de son côté que le procès est destiné à le mettre sous pression, à le punir pour avoir initié la contestation en mars et en raison de son ascension continue dans les sondages. Le procès qui s’est ouvert lundi devant un tribunal d’Ankara a été renvoyé au 8 septembre. «Aucun complot contre notre parti n’est indépendant du coup d’État du 19 mars», a estimé Ozgur Ozel.