Marina regarde par la fenêtre. Derrière trois rangées de maisons noyées dans la verdure s’ouvre une vaste étendue sablonneuse, striée de flaques d’eau qui reflètent une lumière grise. Au loin coule une rivière. C’est ce qui reste du réservoir de Kakhovka. Quand il était retenu par le barrage qui a cédé dans la nuit de lundi à mardi 6 juin, il était large à cet endroit de 8 kilomètres. «Avant, l’eau était partout, on voit bien d’ici, du cinquième étage. On regardait passer les péniches, les bateaux de plaisance. Y a plus qu’à leur visser des roues maintenant, dit-elle, pensive. Nous étions aux premières loges aussi pour voir l’eau se retirer d’heure en heure.»
Jusqu’à la semaine dernière, Nikopol, construite sur la rive droite du réservoir de Kakhovka, avait les pieds dans l’eau. Désormais, la ville de plus de 100 000 habitants avant la guerre et moitié moins aujourd’hui est ceinte de vastes plages, qui s’étirent à l’infini, partout où avaient stagné les eaux du lac. Le Dniepr, le quatrième plus long fleuve d’Europe, a presque retrouvé son lit originel au milieu de cette immensité vaseuse.