Pour son premier déplacement en tant que chef de la diplomatie française, le nouveau ministre des Affaires étrangères a choisi l’Ukraine. Stéphane Séjourné est arrivé ce samedi 13 janvier dans la matinée à Kyiv pour marquer le soutien de Paris. Une visite qui intervient à l’approche du deuxième anniversaire de l’invasion russe en Ukraine, et dans un contexte de recrudescence des bombardements. Ce matin, Moscou a affirmé avoir frappé durant la nuit des usines d’armement ukrainiennes, assurant avoir atteint «toutes» ses cibles. Côté ukrainien, on évoque une attaque russe menée au moyen de 40 missiles et de drones. Le ministère russe de la Défense affirme avoir touché, notamment via des engins hypersoniques Kinjal, des installations «du complexe militaro-industriel» ukrainien fabricant des obus, de la poudre à canon et des drones.

C’est dans ce contexte tendu que Stéphane Séjourné «est arrivé à Kyiv [...] afin d’y poursuivre l’action diplomatique française et de réitérer l’engagement de la France auprès de ses alliés et aux côtés des populations civiles», a indiqué son ministère sur X (anciennement Twitter). Sur le sol ukrainien, le ministre a assuré que l’Ukraine «restera la priorité de la France en dépit de la multiplication des crises». Au programme pour celui qui succède à Catherine Colonna à la suite du remaniement gouvernemental : une rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Agé de 38 ans, le nouveau ministre n’a pas fait carrière dans la diplomatie, contrairement à sa prédécesseure.

Cette visite se déroule à un moment crucial pour l’Ukraine, alors que ses alliés européens et américains débattent de la poursuite de leur soutien militaire. «Depuis près de deux ans, l’Ukraine est en première ligne pour défendre sa souveraineté et assurer la sécurité de l’Europe. L’aide de la France s’inscrit dans la durée. C’est ce que je suis venu dire à Kyiv pour mon premier déplacement», a ajouté le ministre sur X. Dès sa prise de fonctions vendredi 12 janvier, il s’est engagé à poursuivre le soutien de la France, affirmant qu’«aider l’Ukraine, c’est garantir la victoire de la démocratie». L’aide militaire apportée par la France à l’Ukraine a atteint un montant de 3,2 milliards d’euros, selon un rapport parlementaire publié en novembre.

Le fort soutien apporté par les pays occidentaux après l’invasion russe début 2022 se disloque ces dernières semaines, sur fond de dissensions politiques. Les nouvelles promesses d’aide occidentale ont fortement ralenti, tombant à leur plus bas niveau depuis le début de la guerre, selon des chiffres calculés début décembre par l’institut de recherche allemand Kiel Institute. Une enveloppe européenne de 50 milliards d’euros envisagée pour consolider le soutien européen à l’Ukraine est bloquée, au moins jusqu’au prochain sommet de l’UE prévu début février. Celle des Etats-Unis est de son côté freinée au Congrès par des réticences d’élus républicains.

Volodymyr Zelensky le martèle : tout retard dans les aides apportées à son pays aura un impact important sur le cours de la guerre. Il réclame davantage de moyens de défense aérienne. Si les autorités ukrainiennes n’ont pour l’heure pas fait état de morts après le raid de l’armée russe survenu dans la nuit, un missile tombé dans la région de Soumy dans le nord-est de l’Ukraine a toutefois blessé un civil et endommagé 26 bâtiments, a précisé le procureur général du pays ce samedi.