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Reportage

Ukraine : à Saltivka, «on est toujours mieux à la maison, même sous les bombes»

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Après avoir été en première ligne au début de la guerre, la banlieue-dortoir de Kharkiv entreprend de se reconstruire. Malgré les bombardements, les habitants rentrent chez eux peu à peu.
A Saltivka, les travaux de reconstruction ont commencé dès que les troupes russes se sont retirées de Kharkiv, en juin. (Jedrzej Nowicki/Libération)
publié le 6 avril 2023 à 7h10

La dernière neige et les débris de verre crissent sous les pas. Le vent siffle et fait claquer les câbles qui pendent dans le vide, des lambeaux de plastique tourbillonnent entre les flaques de boue givrées. Le fond de l’air ne résonne d’aucune des rumeurs habituelles d’un gros quartier résidentiel, le plus peuplé de Kharkiv. Seuls les saccades de quelques marteaux-piqueurs, et le grincement d’immenses grues jaunes qui oscillent dans le ciel gris percent le silence. Saltivka, à l’extrémité septentrionale de la ville, s’était retrouvé en première ligne le 24 février 2022. Les obus sont tombés à l’aube, sans préavis, marquant le début de l’offensive russe qui est entrée ces jours-ci dans son quatorzième mois. A seulement 20 km de la frontière avec la Russie, Saltivka est la plus grande banlieue-dortoir d’Ukraine, logeant près d’un demi-million d’habitants. Ses quartiers nord ont été bombardés nuit et jour pendant plusieurs semaines. Pas un immeuble n’a été épargné par les tirs de missiles directs et les incendies. La météo a fait le reste.

Les grands travaux de reconstruction ont commencé dès que les troupes russes se sont retirées de Kharkiv, en juin, et vont bon train en ce début de printemps, tandis que les résidents qui avaient trouvé refuge ailleurs en Ukraine ou en Europe reviennent peu à peu. Quelques supérettes et même un supermarché ont rouvert leurs portes. Mais les stigmates de la guerre sont partout, profonds et visibles. La neige fond en découvrant des tranchées et