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Guerre

Ukraine : au moins sept morts et 82 blessés dans une frappe russe sur un immeuble résidentiel à Pokrovsk

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Accusée d’avoir pilonné des bâtiments civils dans cette ville de l’est, la Russie a affirmé mardi 8 août avoir visé un centre de commandement militaire ukrainien.
Illustration, évacuation médicale gérée par MSF (Médecins sans frontières) à la gare de Pokrovsk, dans l'est de l'Ukraine, dimanche 29 mai 2022. (Francisco Seco/AP)
publié le 7 août 2023 à 21h00
(mis à jour le 8 août 2023 à 20h35)

La Russie cible de nouveau les civils. Au moins sept personnes ont été tuées et 82 autres blessées ce lundi 7 août par le tir de deux missiles russes à Pokrovsk, dans l’est de l’Ukraine, selon le dernier bilan donné par le chef ukrainien de l’administration militaire de Donetsk, Pavlo Kyrylenko. «C’est le résultat de deux frappes sur un immeuble résidentiel à Pokrovsk», a indiqué sur la messagerie Telegram le ministre ukrainien de l’Intérieur Igor Klymenko.

Une douzaine de bâtiments qui abritaient un hôtel, des cafés, d’autres commerces, des appartements et des bureaux ont été touchés, a ajouté la même source. Mais c’est un immeuble d’habitation de cinq étages qui a été le plus affecté par la première frappe et l’hôtel voisin Droujba dans la seconde. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a posté sur X (Twitter) une vidéo sur laquelle on peut voir des gens retirés des décombres de cet immeuble datant de l’ère soviétique et qui a perdu son dernier étage dans la frappe.

L’armée russe a de son côté affirmé, ce mardi 8 août, avoir visé un centre de commandement militaire ukrainien. «Dans la zone de la localité de Krasnoarmeïsk (nom soviétique de Pokrovsk, ndlr) […], un centre de commandement avancé du groupement ukrainien ‘Khortytsia’a été frappé», a annoncé le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.

L’Ukraine a immédiatement rétorqué que les Russes mentaient. «C’est un mensonge complet», a insisté auprès de l’AFP Serguiï Tcherevaty, le porte-parole du centre de commandement pour l’est de l’Ukraine : «De mémoire, c’est la quatrième fois qu’ils prétendent quelque chose comme ça.»

«Nous sommes submergés par la douleur»

Les opérations de secours se sont terminées en fin d’après-midi, a annoncé le Service ukrainien des Situations d’urgence. Elles avaient repris à l’aube, après une interruption pendant la nuit à cause du risque de nouveaux bombardements dans cette localité, située à une quarantaine de kilomètres du front. Des journalistes de l’AFP, présents lundi soir, ont vu les sauveteurs s’activer autour de l’immeuble de cinq étages, évacuant des blessés au milieu des gravats et faisant descendre certains de ses habitants coincés chez eux à l’aide d’une grande échelle.

Parmi les blessés figurent 31 policiers, sept employés du service d’urgence de l’Etat et quatre militaires, a précisé le gouverneur Pavlo Kyrylenko. La seconde frappe est en effet intervenue alors que les secours étaient déjà à l’œuvre. «Depuis le début de l’invasion d’ampleur, 78 membres des services d’urgence d’Etat ont été tués et 280 blessés dans des frappes répétées des Russes» sur des sites où les secours étaient déjà déployés, a dénombré à la presse Oleksandr Khorounjiï, le porte-parole de ce service. «Les terroristes russes ignorent avec cynisme toutes les normes et règles de la guerre», a-t-il lancé.

La seconde frappe sur Pokrovsk alors que les secouristes étaient déjà sur place est «odieuse», a commenté le porte-parole du chef de la diplomatie de l’UE, Peter Stano, estimant sur X, que «ce schéma cynique souligne la nature criminelle de l’agression russe». Pokrovsk avait, avant la guerre, une population de 60 000 habitants. «Aujourd’hui nous sommes submergés par la douleur, la colère, les larmes», a écrit sur Facebook l’administration militaire de Pokrovsk.

Les autorités militaires de la région de Kharkiv, dans le Nord-Est de l’Ukraine, ont en outre fait état de la mort de deux civils, un homme et une femme, dans une frappe russe lundi soir contre le village de Kruglyakivka, où un bombardement avait déjà tué deux hommes la veille.

Avancée russe

La Russie a assuré lundi avoir avancé vers Koupiansk, ville de l’Est de l’Ukraine située à environ 150 km au nord de Pokrovsk, dans une zone reprise en septembre dernier par les forces ukrainiennes et confrontée à une offensive russe depuis plusieurs semaines. «Au cours des trois derniers jours, les soldats russes ont effectué une avancée dans cette direction d’une profondeur de plus de trois kilomètres sur un tronçon de front long de 11 kilomètres», a déclaré le ministère russe de la Défense dans son bulletin quotidien. Selon la même source, il s’agit de la zone entre les villages de Vilchana et de Perchotravnevé, au nord-est de Koupiansk, une ville qui comptait quelque 26 à 28 000 habitants avant le conflit.

L’Ukraine avait reconnu mi-juillet être en «position de défense» dans la région de Koupiansk, l’armée russe y ayant déclenché une offensive. Depuis, Moscou assure y grignoter du terrain. Les forces de Kyiv ont entamé une vaste contre-offensive en juin pour tenter de reprendre les territoires de l’Est et du Sud occupés par l’armée russe. Les progrès ont cependant été jusqu’ici assez réduits, la Russie ayant bâti de puissantes lignes de défense, faites de tranchées, de pièges antichars et de champs de mines. La zone de Koupiansk et l’essentiel de la région de Kharkiv avaient été repris à l’armée russe en septembre après une offensive surprise des forces ukrainiennes. Il s’agit aujourd’hui d’un des rares tronçons du front où la Russie est à l’offensive.

Mis à jour : à 20h35 avec le nouveau bilan et le démenti russe.