«Il s’agit de l’attaque de missiles la plus massive d’une manière générale», affirmait vendredi le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne, Iouri Ignat – ce décompte excluant de fait les premiers jours de la guerre qui ont vu des frappes «constantes et ininterrompues». La Russie a lancé au matin une vaste série de frappes sur plusieurs villes à travers l’ensemble de l’Ukraine, ciblant notamment la capitale Kyiv ainsi que les agglomérations de Kharkiv (nord-est), de Lviv (ouest) et d’Odessa (sud).
Les frappes russes de vendredi ont fait au moins 39 morts, selon un nouveau bilan annoncé samedi 30 décembre par le président ukrainien Volodymyr Zelensky. «A l’heure actuelle, on dénombre malheureusement 39 morts», a-t-il écrit sur les réseaux sociaux, présentant ses «condoléances» aux proches, ajoutant qu’une centaine de personnes avaient été blessées.
«Près de 120 villes et villages ont été touchés», a-t-il dit, précisant que les opérations de recherches continuaient. Rien qu’à Kyiv, au moins 16 personnes ont été tuées vendredi, d’après l’administration locale. Des corps continuaient d’être sortis des décombres samedi dans cette ville, où les attaques meurtrières s’étaient faites plus rares ces derniers mois.
L’Ukraine a affirmé vendredi avoir détruit 114 des 158 missiles et drones lancés par la Russie lors de la dernière vague d’attaques. «L’ennemi a utilisé 158 moyens d’attaque aérienne contre l’Ukraine la nuit dernière : des missiles de différents types et des drones», a déclaré l’armée de l’air sur le réseau Telegram, ajoutant qu’elle avait détruit 114 cibles. Il s’agit d’«un nombre record de missiles» tirés en une journée, précise Iouri Ignat. Cinq personnes ont été tuées dans la région de Dnipropetrovsk (centre-est), deux à Odessa (sud), deux à Kyiv, une à Lviv (ouest), une à Zaporijjia (sud) et une à Kharkiv (nord-est), a indiqué le ministre de l’Intérieur Igor Klymenko sur les réseaux sociaux. Des personnes peuvent encore se trouver sous les décombres.
«Toutes les cibles ont été touchées»
De son côté, l’armée russe a déclaré vendredi avoir frappé toutes ses cibles lors de dizaines d’attaques contre l’Ukraine en une semaine. «Du 23 au 29 décembre, les forces armées de la Fédération de Russie ont mené 50 frappes groupées et une frappe massive… Toutes les cibles ont été touchées», s’est limité à indiquer l’armée dans son rapport quotidien, précisant qu’elle visait des installations militaires.
Trois personnes ont été blessées dans une frappe sur Konotop, dans la région de Soumy, où un immeuble d’habitation a notamment été touché, selon l’administration militaire locale. Trois drones iraniens Shahed y ont été détruits, selon l’armée. La ville de Kharkiv a essuyé au moins dix frappes en deux vagues qui jusqu’à nouvel ordre n’ont pas fait de victimes, d’après le chef de l’administration militaire locale, Oleg Synegubov.
Un hôpital du quartier de Kyivskyi a toutefois été endommagé, a affirmé la police locale. Le maire de Kharkiv, Igor Terekhov, a précisé que les frappes avaient été menées par des missiles S-300 et X-22, et qu’elles ont perturbé l’approvisionnement électrique des transports. A Odessa, un immeuble a été endommagé à la suite d’une frappe survenue dans la nuit mais l’incendie qui en a résulté a été rapidement maîtrisé, a rapporté le maire, Gennady Trukhanov.
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A Lviv, une ville plus rarement visée, son homologue Andriy Sadovyi a évoqué «deux frappes» dans une attaque menée au total par «dix Shaheds» au niveau de la région. Le responsable a évoqué «un incendie dans une installation cruciale», sans livrer davantage de détails. Les autorités ont également fait état d’explosions dans la région de Dnipro, où une maternité a été «gravement endommagée» mais sans faire de victime, d’après le ministère de la Santé. Selon l’armée, des «missiles guidés» ont été tirés par des bombardiers russes Tu95MS.
Un navire russe frappé en Crimée
L’espace de trois minutes, un des missiles russes a ravivé les craintes d’une extension du conflit, lorsqu’il est brièvement passé, sur une quarantaine de kilomètres, dans l’espace aérien de la Pologne, pays membre de l’Otan. «Tout indique qu’un missile russe a pénétré dans l’espace aérien polonais. Nous l’avons repéré au moyen d’un radar. Il a quitté cet espace» aussitôt, en direction de l’Ukraine, a déclaré le chef de l’état-major Wieslaw Kukula.
«Aujourd’hui, la Russie a utilisé presque tous les types d’armes de son arsenal», a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sur le réseau social X (ex-Twitter). Estimant sur le réseau social Telegram que cette vague de frappes russes montrait que le pays avait besoin de «plus d’aide» de la communauté internationale, le chef de son cabinet Andriy Yermak a visiblement été entendu par le Royaume-Uni, qui a annoncé ce vendredi l’envoi d’environ 200 missiles antiaériens pour renforcer les défenses de l’Ukraine. Le ministre de la Défense britannique, Grant Shapps, a appelé «le monde libre» à «se rassembler et à redoubler d’efforts pour donner à l’Ukraine ce dont elle a besoin pour gagner», dans un contexte d’essoufflement de l’aide occidentale à Kyiv, tant en Europe qu’aux Etats-Unis.
Mise à jour le 30 décembre avec le nouveau bilan porté à au moins 39 morts.