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Ukraine : France, Allemagne et Pologne d’accord pour ne «jamais prendre l’initiative de l’escalade», affirme Emmanuel Macron

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Le chancelier allemand, Olaf Scholz et le président français se sont rencontrés à Berlin ce vendredi 15 mars pour parler du soutien à l’Ukraine et apaiser les tensions, après leurs récents désaccords sur la possibilité de l’envoi de troupes sur le champ de bataille. Le Premier ministre polonais Donald Tusk assistait aussi à cette rencontre.
Le président français, Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et le premier ministre polonais, Donald Tusk à Berlin, le vendredi 15 mars 2024. (Annegret Hilse/Reuters)
publié le 15 mars 2024 à 16h29

Fermes et soudés. Nous sommes «unis» et «résolus à ne jamais laisser gagner la Russie» a affirmé ce vendredi, le président de la République depuis Berlin où il rencontrait le chancelier allemand Olaf Scholz, et le Premier ministre polonais Donald Tusk pour évoquer le soutien européen à l’Ukraine face à l’offensive russe sur son territoire. Dans une conférence de presse commune, le chancelier allemand a également annoncé une coalition des alliés de l’Ukraine sur les armes à longue portée, des armes réclamées par Kiev pour se défendre contre l’agresseur russe.

Le président français et le chancelier allemand avaient à cœur d’afficher leur entente après leurs échanges acerbes à l’issue de la conférence de soutien à l’Ukraine organisée à l’Elysée le 26 février. Des divergences qui fragilisaient le message d’unité des alliés. Les déclarations du chef de l’Etat français autour de l’envoi possible de troupes en Ukraine n’ont pas plu à Olaf Scholz qui a rejeté catégoriquement cette hypothèse. Pour Emmanuel Macron, l’Europe entre dans un moment «où il conviendra de ne pas être lâches». Et le président français a insisté jeudi soir, au JT, en affirmant que ceux qui posent «des limites» à l’engagement pour soutenir l’Ukraine «ne font pas le choix de la paix mais font le choix de la défaite». «Si la Russie venait à gagner […] nous n’aurons plus de sécurité» et la «crédibilité de l’Europe sera réduite à zéro», a encore mis en garde le locataire de l’Elysée.

Craintes de l’escalade

Le dirigeant allemand, lui, craint l’escalade du conflit, est critiqué par plusieurs de ses alliés et au sein même de sa majorité pour son refus de livrer des missiles longue portée Taurus, car leur réglage nécessiterait, selon lui, l’intervention de militaires allemands. «Cela ne doit pas se produire avec des soldats allemands - en tant que chancelier, j’ai la responsabilité d’empêcher que l’Allemagne ne participe à cette guerre», a-t-il réaffirmé mercredi devant le Bundestag. «La prudence ne doit pas être qualifiée de faiblesse, comme certains le font», a ajouté le chancelier. Olaf Scholz ne cesse de répéter que l’Allemagne est le plus grand contributeur européen en valeur absolue d’aides financières et militaires à Kyiv, loin devant la France.

Après ces échanges tendus par presse interposée, la réunion de ce vendredi est clairement placée sous le signe de l’apaisement. Olaf Scholz a assuré mercredi avoir avec Emmanuel Macron «une très bonne relation personnelle», alors que les experts soulignent régulièrement les différences de caractère et de styles politiques entre l’Allemand à la nature prudente et son homologue français adepte des coups d’éclat. La présence du Premier ministre polonais Donald Tusk est aussi perçue comme une volonté de concorde. Ancien président du Conseil européen, il a «l’habitude de conjuguer des intérêts contradictoires. Il est capable d’apaiser les différends», souligne l’expert Nico Lange, chercheur associé à la Conférence de Munich sur la sécurité. Ce sommet, avance Nico Lange, est «un bon signe qui montre que les choses se mettent en place et que les erreurs sont peut-être corrigées».