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Invasion

Nouvelle attaque russe en Ukraine, au moins 21 morts, dont quatre enfants, à Kyiv

Plus de 600 drones et missiles ont été lancés par Moscou dans la nuit du mercredi 27 au jeudi 28 août, touchant notamment un bâtiment de l’UE. La Russie «préfère continuer à tuer plutôt que de mettre fin à la guerre», a dénoncé Volodymyr Zelensky.

De la fumée après une frappe russe sur Kyiv ce jeudi 28 août 2025. (Sergei Supinsky/AFP)
Publié le 28/08/2025 à 7h35, mis à jour le 28/08/2025 à 21h25

Au moment où les efforts diplomatiques engagés par Donald Trump pour tenter de mettre fin à la guerre s’enlisent, l’Ukraine a vécu une nouvelle nuit de bombardements. Cette attaque russe «massive» a fait au moins 21 morts, dont 4 enfants, et plusieurs dizaines de blessés à Kyiv dans la nuit du mercredi 27 au jeudi 28 août, selon le bilan provisoire communiqué par les autorités ukrainiennes. Le précédent bilan faisait état de 14 morts.

Selon l’armée de l’air ukrainienne, les forces de Moscou ont tiré 598 drones de combat et leurres, ainsi que 31 missiles balistiques et de croisière. Parmi eux, 563 drones et 26 missiles ont été abattus ou brouillés, a précisé l’institution dans un communiqué. «La Russie préfère les [missiles] balistiques plutôt que la table des négociations. Elle préfère continuer à tuer plutôt que de mettre fin à la guerre», a cinglé le président Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux.

A Kyiv, plusieurs immeubles résidentiels ont été endommagés, dont l’un de cinq étages s’est effondré, bloquant des habitants sous les décombres. Une école maternelle a subi des dégâts, des dizaines de voitures ont été détruites et un centre commercial du centre-ville a été touché. Le bâtiment de la mission de l’UE à Kyiv a aussi subi des dégâts, a fait savoir le président du Conseil européen, Antonio Costa, qui s’est dit «horrifié» par cette énième attaque russe. «L’UE ne se laissera pas intimider. L’agression de la Russie ne fait que renforcer notre détermination à soutenir l’Ukraine et son peuple», a-t-il ajouté.

«Poutine tue des enfants et des civils et sabote les espoirs de paix. Ce bain de sang doit cesser», a déclaré de son côté sur X le Premier ministre britannique, Keir Starmer, qui a confirmé que le bâtiment du British Council, une organisation gouvernementale à vocation culturelle et éducative, avait été «endommagé» par ces frappes. Ses locaux se trouvent dans le centre-ville, non loin du bâtiment touché de la mission de l’Union européenne. Le ministre des Affaires étrangères britannique, David Lammy, a par ailleurs annoncé convoquer l’ambassadeur russe à Londres.

«Terreur et barbarie»

De son côté, le président Emmanuel Macron a condamné «avec la plus grande fermeté ces attaques insensées d’une grande cruauté». «629 missiles et drones en une nuit sur l’Ukraine : voilà la volonté de paix de la Russie. Terreur et barbarie», a-t-il écrit sur X. «Soutien total au peuple ukrainien, compassion profonde pour toutes les familles endeuillées», a-t-il ajouté. Quant à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, elle a estimé que le Kremlin ne «recule devant rien» pour «terroriser» l’Ukraine. «Il s’agit de l’attaque de drones et de missiles la plus meurtrière contre la capitale (ukrainienne) depuis juillet», a-t-elle déploré devant la presse. «C’était aussi une attaque contre notre délégation», a-t-elle poursuivi. Lors de ce point presse, la présidente de la Commission européenne a également déclaré : «Nous allons bientôt avancer notre 19e paquet de sanctions». L’Union européenne a par ailleurs convoqué l’ambassadeur russe à Bruxelles, a annoncé la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, sur le réseau social X.

Le secrétaire général de l’ONU António Guterres a également condamné les frappes russes sur Kyiv, tout en appelant à nouveau à un cessez-le-feu : «Les attaques contre les civils et les infrastructures civiles violent le droit international humanitaire, sont inacceptables et doivent cesser immédiatement», peut-on lire dans un communiqué. La Russie a «de nouveau montré son vrai visage», a de son côté déploré le chancelier allemand Friedrich Merz. «Que la représentation de l’UE soit désormais également prise pour cible témoigne du fait que le régime russe a de moins en moins de scrupules», a ajouté le dirigeant allemand.

Du côté américain, l’émissaire spécial de Donald Trump pour l’Ukraine a condamné de «terribles» frappes et juge qu’elles compromettent les efforts de médiation du président américain. «Ces terribles attaques menacent la paix que le président des Etats-Unis cherche à obtenir», a commenté Keith Kellogg sur X.

«Faire pression» sur la Russie

En Russie, l’armée a affirmé avoir intercepté 102 drones ukrainiens, alors que les attaques aériennes de Kyiv ciblant les raffineries ces dernières semaines ont fait flamber le prix de l’essence. Le Kremlin a indiqué jeudi que la Russie restait «intéressée» par les négociations de paix avec l’Ukraine mais qu’elle continuerait de mener des frappes dans le pays tant que ses «objectifs» ne seront pas atteints.

Fin juillet, des bombardements russes avaient fait plus de 30 morts dont cinq enfants à Kyiv, l’une des attaques les plus meurtrières dans la capitale ukrainienne depuis le début de l’invasion russe à grande échelle en 2022. Ces frappes avaient poussé Donald Trump à renforcer la pression sur Moscou pour accepter une trêve et conduit à sa rencontre avec Vladimir Poutine en Alaska le 15 août. Après ce sommet, suivi par une visite à Washington du président ukrainien Volodymyr Zelensky accompagné de ses alliés européens, le dirigeant américain a dit vouloir préparer une rencontre en face-à-face entre les présidents russe et ukrainien.

Depuis, il n’y a toutefois pas eu d’avancées en vue d’un tel sommet, Moscou et Kyiv se rejetant la responsabilité d’un blocage. Avant la conclusion d’un hypothétique accord de paix, l’Ukraine veut obtenir des garanties de sécurité des Occidentaux pour dissuader Moscou de toute nouvelle attaque. Le Kremlin s’est dit «défavorable» mercredi à un éventuel envoi de troupes européennes en Ukraine dans le cadre d’un potentiel accord de paix.

Volodymyr Zelensky a assuré voir «des signaux très négatifs et arrogants de la part de Moscou concernant les négociations» de paix. Il a appelé à «faire pression» pour «forcer la Russie à prendre des mesures concrètes». Il a annoncé que des membres de son équipe allaient rencontrer vendredi à New York des représentants de l’administration de Donald Trump.

Pour mettre fin à son assaut, la Russie réclame notamment que l’Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées, en plus de la Crimée annexée en 2014, et renonce à intégrer l’Alliance atlantique. Des conditions que Kyiv juge inacceptables.

Mise à jour à 12 h 15 avec les réactions d’Emmanuel Macron, Keir Starmer et Ursula von der Leyen ; à 17 h 43 avec davantage de précisions ; à 21 h 25 avec un nouveau bilan.