La désescalade semble se confirmer. Ce mercredi, c’est retour à la caserne pour une partie des 130 000 soldats russes déployés depuis fin décembre aux abords de l’Ukraine. La Russie a annoncé au petit matin la fin de manœuvres militaires et le départ de certaines de ses forces de la péninsule ukrainienne annexée de Crimée, où le déploiement de troupes alimentait depuis des jours les craintes d’invasion de l’Ukraine.
«Les unités du district militaire du sud ayant achevé leurs exercices tactiques sur les bases de la presqu’île de Crimée retournent par voie ferrée vers leur base d’attache», a ainsi annoncé ce mercredi le ministère russe de la Défense, cité par les agences russes.
La télévision russe, de même que le site Zvezda, un réseau de télévision national appartenant à l’Etat russe et géré par le ministère russe de la Défense, montre ce mercredi matin des images nocturnes d’un interminable train sur lequel sont disposés des blindés. Le convoi défile sur le pont de Crimée qui enjambe le détroit de Kertsch, bâti à grands frais par la Russie pour relier la Crimée au territoire russe.
Video from Zvezda showing equipment crossing the Crimean bridge reportedly returning to their bases. 42nd Motorized Rifle Division's 291st Motorized Rifle Regiment MT-LBM6MB as well as T-72B tanks with roof screens and 2S1 Gvozdika howitzers.https://t.co/Ii6Pd48LPA pic.twitter.com/v9NeHgj17v
— Rob Lee (@RALee85) February 16, 2022
Mardi, Moscou avait annoncé un retrait «partiel» de ses soldats déployés depuis des semaines aux frontières de l’Ukraine, un signe de détente après deux mois de craintes quant à une invasion imminente de son voisin sur fond de crise russo-occidentale. Européens et Américains attendent encore des preuves d’un retrait militaire russe d’ampleur, tout en se disant prudemment optimistes. La Russie n’a pas précisé l’ampleur ni le calendrier de ce retrait.
Plus de 100 000 militaires sont déployés selon les Occidentaux aux frontières ukrainiennes avec quantité de matériel lourd. Et d’importantes manœuvres russo-bélarusse se poursuivent jusqu’au 20 février au Bélarus, voisin pro-russe de l’Ukraine.
«Scénarios paranoïaques»
Le départ des troupes russes «était toujours prévu comme ça», a répété mardi le chef de la diplomatie du Kremlin, Sergueï Lavrov, devant son homologue polonais, Zbigniew Rau, insistant sur le fait que les craintes de voir les manœuvres servir à une invasion militaire de l’Ukraine par la Russie n’étaient que des «spéculations» et des «scénarios paranoïaques» élaborés par les partenaires occidentaux.
Au même moment, le président russe s’entretenait au Kremlin avec le chancelier allemand, Olaf Scholz, autour de l’immense table à laquelle il avait reçu Emmanuel Macron lundi dernier. «Il y a suffisamment de bases de discussion pour que les choses évoluent positivement», soulignait le chancelier à l’issue de l’entretien.
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La nouvelle de ce retrait des militaires russe survient près un week-end particulièrement tendu. Signe de l’inquiétude galopante, des dizaines d’ambassades avaient évacué leur personnel de Kiev, en prévision d’une attaque imminente. Finalement, lundi, Vladimir Poutine remettait une pièce dans la machine diplomatique via un entretien assez théâtral avec son ministre des Affaires étrangères, confirmant alors que le dialogue était encore possible, proposant même de le «prolonger et l’élargir». Un espoir concrétisé un peu plus tard par l’annonce du ministre de la Défense, Sergueï Choïgou d’un début de retrait des troupes russes.
De l’autre côté de la frontière, les Ukrainiens vont célébrer ce mercredi une «Journée de l’unité» à l’appel de son président Volodymyr Zelensky. Le chef de l’Etat ukrainien a choisi la date de cette grande manifestation de patriotisme en réaction à des rapports des services de renseignement américains suggérant que l’invasion russe du pays, crainte par les Occidentaux depuis des mois, pouvait avoir lieu ce mercredi.
Mise à jour : à 9 heures, avec l’ajout du convoi ferroviaire de blindés russes.