Dans les ténèbres, à l’arrière du camion de ravitaillement, un soldat allume une cigarette. L’incandescence éclaire la cagoule immaculée recouvrant son visage. Des boîtes de munitions, un générateur et des bidons d’essence glissent sur la plateforme tandis que le véhicule tangue au gré des cahots de la piste forestière de Serebryansky. Le vacarme métallique du transporteur couvre celui des explosions. Durant une heure et demie, le poids lourd slalome dans ces bois, à l’orée de Kreminna – ville aux mains des forces russes, dans l’est de l’Ukraine. Sous les cimes des pins se déroule, depuis plus d’un an, une féroce bataille entre les hommes de Moscou et ceux de Kyiv. A 1,5 km des positions russes, le véhicule s’arrête. Le cœur de la forêt bat la chamade. Les détonations s’enchaînent. Les flashs des munitions s’écrasant plus loin, éclairent les spectres d’arbres décapités par l’artillerie. Le claquement des armes automatiques révèle un assaut en cours.
Dans le poste de contrôle de la brigade Azov, Mishanya et Ghor scrutent les écrans diffusant en direct les images thermiques, capturées par les drones, des tranchées ennemies. «Les points rouges, ce sont les impacts de tir ukrainiens encore chauds», explique Mishanya. Ces indications permettent aux artilleurs de c