Pour combien de temps, nul le sait, mais l’histoire retiendra que le 24 février 2022, le «monde libre» a perdu − autant qu’abandonné − l’un de ses membres, pilonné d’est en ouest, du nord au sud et en son cœur, Kiev, par les missiles d’un Vladimir Poutine prisonnier de ses délires paranoïaques. L’Ukraine, nation indépendante de 44 millions d’habitants, frontalière de quatre pays membres de l’Union européenne et l’Otan, a vu se concrétiser le scénario du pire : une invasion totale, aérienne et terrestre, ordonnée par le maître du Kremlin que rien n’aura dissuadé d’écraser son voisin. En même temps que les miettes d’une architecture internationale de sécurité obsolète.
«La paix sur notre continent a été brisée. La guerre, à une échelle et d’une nature que nous pensions appartenir au passé, fait désormais rage en Europe», a reconnu, impuissant, le secrétaire général de l’Otan. Faute de pouvoir répondre par la force militaire, les Occidentaux promettent, à coups de sanctions, de faire de la Russie un «paria». Mais les Ukrainiens, eux, savent déjà leur gouvernement en sursis, que Moscou a «l’intention de décapiter», assurait jeudi un responsable américain. Dans la soirée, les combats sévissaient dans la banlieue de Kiev, fragile mais fière capitale placée sous couvre-feu.
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