Depuis l’immense parking qui l’entoure, on ne distingue plus rien du bâtiment. L’hypermarché touché ce samedi par au moins deux frappes russes, dans la ville de Kharkiv martyrisée depuis deux semaines, n’est plus qu’un vaste brasier duquel s’élève un immense panache de fumée noire. Sur des vidéos postées sur les réseaux sociaux, on voit des dizaines de personnes fuir l’incendie en courant. Au moins 16 personnes sont mortes et 43 autres blessées. Mais le bilan pourrait être bien plus lourd. «À l’heure actuelle, on sait que plus de 200 personnes pourraient avoir été à l’intérieur de l’hypermarché, a déclaré le président Volodymyr Zelensky sur sa chaîne Telegram, au lendemain d’une visite surprise dans la ville. Tous les services sont déjà sur place pour aider à secourir les personnes et à éteindre l’incendie.»
Reportage
Le bombardement a eu lieu au beau milieu d’un samedi ensoleillé, alors que le magasin, qui vend des produits de construction, connaissait a priori une affluence importante. «Seuls des fous comme Poutine sont capables de tuer et terroriser les gens de façon aussi ignoble», s’est désolé le chef de l’Etat ukrainien, insistant sur le caractère indiscriminé de la frappe, qui pourrait avoir fait de très nombreuses victimes civiles. Selon le gouverneur régional, Oleg Synegoubov, l’attaque a été réalisée à l’aide de deux bombes aériennes guidées. Des dispositifs puissants qui ont incendié Environ 10 000 m² de l’hypermarché. En fin d’après-midi, les pompiers étaient en passe de contrôler les flammes.
Vaste offensive
Après l’attaque contre une imprimerie jeudi, la Russie continue vraisemblablement de cibler des infrastructures civiles dans sa vaste offensive contre la deuxième ville du pays. L’occasion pour Volodymyr Zelensky d’enjoindre à nouveau ses alliés occidentaux à mettre les bouchées doubles pour soutenir financièrement et surtout militairement l’Ukraine. «Si l’Ukraine disposait de suffisamment de systèmes de défense antiaérienne et d’avions de combat modernes, de telles frappes russes auraient été impossibles, a plaidé le président. Chaque jour, nous lançons un appel au monde : donnez-nous une défense antiaérienne, sauvez des gens.» Une demande largement relayée sur les réseaux sociaux ukrainiens où certains en appellent directement à Joe Biden, le président américain, pour qu’il multiplie les livraisons de Patriot. Ces systèmes de missiles sol-air de moyenne portée sont justement conçus pour contrer le genre de frappes observées ce samedi contre l’hypermarché.
Les forces russes ont également lancé plusieurs attaques samedi dans la région. Elles ont bombardé le village de Koupiansk-Vouzlovyi, un noeud ferroviaire de la région de Kharkiv proche de la frontière, blessant cinq personnes. Selon le bureau du procureur régional, deux véhicules civils, dont une ambulance, ont été visés par des tirs. Dans la même région, la Russie a bombardé le district de Koupiansk, endommageant une usine et des bâtiments d’habitation.
Ce vendredi, l’armée ukrainienne assurait avoir «arrêté» la vaste offensive lancée par Moscou contre la ville de Kharkiv le 10 mai dernier. Offensive qui a obligé Kyiv de multiplier les renforts dans la région, et qui ne suffit pas pour stopper les missiles russes qui survolent la ligne de front. Les forces russes profitent aussi de cette concentration des troupes ukrainiennes pour progresser à d’autres points clefs du front. Samedi matin, le ministère russe de la Défense a revendiqué la prise d’un nouveau village, près d’Otcheretyné et non loin de la ville de Donetsk, à l’est de l’Ukraine. Une prise non confirmée par l’État-major ukrainien qui reconnaît tout de même que l’armée du Kremlin est «particulièrement active» sur plusieurs zones du front. Et face au manque de munitions et d’hommes, les choses ne présagent pas de s’améliorer dans les semaines à venir.
Mis à jour à 19 heures, avec un nouveau bilan et d’autres attaques dans la région.
Mis à jour dimanche 26 mai à 9h30, avec un nouveau bilan.
Mis à jour dimanche 26 mai à 16 heures, avec un nouveau bilan.