Au lendemain de la réunion européenne organisée en urgence à Paris, et dans un contexte géopolitique éruptif, Emmanuel Macron a pris la parole ce mardi 18 février au soir, via un entretien aux journaux de la presse quotidien régionale. Le président de la République évoque les sujets géopolitiques du moment : défense de l’Ukraine, menace russe, relation avec Donald Trump et Vladimir Poutine, défense européenne… Voici ce qu’il faut retenir de cet entretien.
«Pas de troupes au sol belligérantes» en Ukraine
«La préoccupation de tous, c’est qu’un simple cessez-le-feu en Ukraine ne résoudrait en rien le conflit mais c’est bien une paix pleine et entière avec des conditions de sécurité, des conditions de la stabilité sociale, économique et politique de l’Ukraine dans la durée qui seules permettront de le régler», a expliqué mardi Emmanuel Macron.
Parmi les solutions pour apporter des garanties de sécurité à Kyiv dans le cadre d’un éventuel accord de paix avec Moscou, il serait possible d’«envoyer des experts voire des troupes en termes limités, hors de toute zone de conflit, pour conforter les Ukrainiens et signer une solidarité. C’est ce à quoi nous réfléchissons avec les Britanniques», a-t-il dit. Il évoque aussi la possibilité de «décider dans le cadre des négociations d’avoir, sous mandat des Nations unies, une opération de maintien de paix, qui elle se tiendrait le long de la ligne de front».
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Mais «la France ne s’apprête pas à envoyer des troupes au sol, belligérantes dans un conflit, sur le front», a-t-il aussi assuré. Lors de la réunion européenne d’urgence de lundi à Paris, le Premier ministre britannique Keir Starmer s’est dit prêt à l’éventuel déploiement de troupes en Ukraine «si un accord de paix durable est conclu». Le chancelier allemand Olaf Scholz a néanmoins jugé ce débat «prématuré».
Emmanuel Macron a aussi rappelé ce mardi soir qu’une autre possibilité était «l’adhésion à l’Otan» de l’Ukraine, dont la Russie ne veut pas entendre parler et que le président américain Donald Trump a déjà écarté avant même de négocier.
«Donald Trump peut réamorcer un dialogue utile avec Poutine»
Le chef de l’Etat reconnaît que les Européens veulent que, derrière leurs futures garanties de sécurité à Kyiv, il y ait un soutien de Washington. «Compte tenu du fait que la Russie est un État doté de la capacité nucléaire, pour les partenaires européens, c’est un point clé», a-t-il admis dans cet entretien.
Alors que la reprise du dialogue direct entre Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine la semaine dernière a désarçonné nombre d’Européens, et que plane la menace de négociations entre eux et sans l’Europe sur l’Ukraine, Emmanuel Macron dit voir l’aspect positif.
Interview
Donald Trump «peut réamorcer un dialogue utile avec le président Poutine», a estimé le chef de l’Etat français. «Il recrée de l’ambiguïté stratégique pour le président Poutine» en employant «des mots très fermes» et en créant «de l’incertitude» qui «peut aider à faire pression», a-t-il ajouté. Le président de la République a toutefois pris soin de souligner qu’une «paix durable ne peut se négocier sans l’Ukraine : rien ne peut être négocié sans que les Ukrainiens soient autour de la table».
«La Russie constitue une menace existentielle pour les Européens»
Le locataire de l’Elysée se montre aussi très critique de la Russie de Vladimir Poutine, qui «constitue une menace existentielle pour les Européens, compte tenu des actions qu’elle mène dans divers domaines». Il a énuméré «ses actions à la frontière de la Pologne, ses attaques cyber dans tous nos pays, par des attentats, comme en Grande-Bretagne, par des manipulations de l’information ou des processus électoraux, comme en Roumanie, par ses menaces explicites par sa doctrine nucléaire».
«L’histoire récente nous a permis de vérifier que quand il n’y avait qu’un cessez-le-feu, il n’était pas respecté par la Russie», a-t-il martelé. Ce qui n’empêche pas Emmanuel Macron d’assurer être lui-même prêt à parler à son homologue russe «au moment où ce sera opportun dans le cycle des négociations à venir».
«Réunir les groupes parlementaires et les partis»
Le chef de l’Etat a aussi tenté dans cet entretien de se replacer au centre de la politique française. «Le temps des menaces stratégiques et des choix historiques est revenu. Cela doit conduire à réactualiser une partie des débats domestiques que nous avons. Et c’est dans ce sens que je vais, dans les jours et les semaines qui viennent, continuer à prendre les choses, y compris sur le débat national».
Il a ainsi annoncé qu’il allait «réunir les groupes parlementaires et les partis […] pour leur présenter l’état des lieux et les initiatives de la France». Cette rencontre s’effectuera en «format Saint-Denis», du nom de la ville où Emmanuel Macron avait déjà échangé avec ces mêmes participants, pour tenter de trouver des consensus sur différents sujets intérieurs comme internationaux dans un paysage politique fracturé.