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Ukraine : Moustafa Djemilev, l’infatigable défenseur des Tatars de Crimée

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Leader de la minorité tatare de la péninsule, le député d’opposition au Parlement ukrainien a vécu la persécution de son peuple par Moscou depuis son enfance. S’il déplore la guerre, il y voit aussi l’occasion de mettre fin à l’annexion de la Crimée, où il est interdit d’entrée depuis 2014.
Moustafa Djemilev, 80 ans, le 18 décembre à Kyiv. (Dmytro Prutkin/Libération)
par Kristina Berdynskykh
publié le 12 mars 2024 à 18h56

Le député ukrainien Moustafa Djemilev n’aime pas les grands mots. D’ailleurs, il est faux de l’appeler «le chef des Tatars de Crimée», car une telle fonction n’existe pas dans les documents officiels. Mais peu importe ce qu’il en pense, c’est ainsi qu’il est perçu et désigné par tout le monde. Malgré son timbre étonnamment doux, il est la voix la plus forte des Tatars de Crimée, ces peuples turcs installés dans la péninsule. Depuis dix ans, Djemilev continue de faire pression pour que sa terre natale, où il n’a pas été autorisé à se rendre depuis le printemps 2014, à la suite de l’annexion par la Russie, revienne sous contrôle ukrainien. Agé de 80 ans, ce petit homme d’apparence fragile fait preuve d’une volonté indomptable.

Le QG de Moustafa Djemilev à Kyiv est un grand appartement, avec un bureau et une cuisine. Même les invités les plus haut placés doivent se déchausser et enfiler des pantoufles en entrant. L’odeur des cigarettes qu’il a fumées est omniprésente et la conversation ne commence qu’une fois le café servi. Un invité, ici, est toujours accueilli avec du café, qu’il le veuille ou non.

Les premiers «petits hommes verts» – des militaires russes banalisés – sont apparus en Crimée le 20 février 2014. Au moment du dénouement tragique et spectaculaire de la révolution de Maidan à Kyiv et alors que le président Viktor Ianoukovitch n’avait pas encore fui le pays. Le 26 février 2014, le Mejlis, l’organe représentatif du peuple tatar de Crimée, a convoqué les habitants de l