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Discours annuel

Ukraine : Vladimir Poutine estime qu’il aurait dû envahir le pays plus tôt

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Lors de sa très longue conférence de presse annuelle à Moscou ce jeudi 19 décembre, le président russe s’est dit prêt à échanger avec Donald Trump, potentiellement autour d’un cessez-le-feu en Ukraine, tout en affirmant qu’il aurait dû envahir le pays bien plus tôt.
Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse annuelle à Moscou, ce jeudi 19 décembre 2024. (Gavriil Grigorov/AP)
publié le 19 décembre 2024 à 18h29

Depuis la réélection de Donald Trump et sa promesse de régler le conflit en vingt-quatre heures, après son investiture attendue le 20 janvier à Washington, l’éventualité de mettre fin à la guerre a été évoquée de nombreuses fois, notamment par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Durant son interminable conférence de presse annuelle ce jeudi 19 décembre, Vladimir Poutine a lui-même laissé entendre être prêt à entamer un «dialogue» avec Kyiv. Avant de préciser qu’un tel scénario ne serait possible que sur la base «des réalités du terrain». Une façon de dire que son pays ne rendrait pas les territoires conquis. Rien de neuf sous le soleil, Poutine répète les mêmes poncifs depuis des mois.

En revanche, au cours de ses plus de quatre heures et demie de conférence presse, au cours de laquelle il a répondu à des questions de journalistes, mais aussi de citoyens soi-disant lambda, le président russe n’a fait preuve d’aucun remords par rapport à l’invasion de l’Ukraine. Bien au contraire, il a affirmé que, si c’était à refaire, il aurait lancé «plus tôt» son offensive contre son voisin. Il s’est aussi dit prêt à rencontrer Donald Trump «à n’importe quel moment». Le président élu américain a récemment appelé à un cessez-le-feu le plus tôt possible. Les deux hommes n’ont pas parlé ensemble «depuis plus de quatre ans». «Si nous rencontrons un jour le président élu Trump, je suis sûr que nous aurons beaucoup de choses à nous dire», a affirmé Vladimir Poutine, même si aucune date n’est prévue pour l’heure. Le président russe a cependant rejeté toute trêve qui, selon lui, permettrait à l’armée ukrainienne de «faire une pause» et de se réarmer. De son côté, Zelensky a récemment nuancé sa position sur de potentiels pourparlers, mais a demandé à l’Occident des solides garanties de sécurité.

Même si Poutine se dit confiant face à la progression de ses troupes en Ukraine, il a admis ne pas savoir quand son armée parviendrait à chasser les forces ukrainiennes de la région frontalière russe de Koursk. Elles y occupent toujours plusieurs centaines de kilomètres carrés, malgré des tentatives des troupes russes, épaulées par des soldats nord-coréens, de les déloger. Le président russe a néanmoins assuré que son armée allait «absolument les mettre en échec». Cette offensive, la plus importante en territoire russe depuis la Seconde Guerre mondiale, est source d’embarras pour le Kremlin, qui veut persuader que le conflit en Ukraine n’a pas d’impact sur la vie quotidienne des Russes.

«Duel de haute technologie du XXIe siècle»

Le président russe, fier de son attirail militaire, a encensé son nouveau missile : l’«Orechnik». Une «arme moderne» qui peut porter une charge nucléaire et frapper à des milliers de kilomètres. Depuis une première utilisation contre la ville de Dnipro, Vladimir Poutine a menacé de frapper avec Kyiv et même les pays occidentaux qui arment l’Ukraine. Lors de son allocution télévisée, il a suggéré à l’Occident un «duel de haute technologie du XXIe siècle» entre son missile et leurs moyens de défense antiaérienne.

Il a également défendu la santé économique de la Russie, très médiocre selon tous les économistes, mais «bien meilleure que la plupart des économies d’Europe, alors que celle du Royaume-Uni est très en retard», selon lui. Il n’a pas évoqué l’inflation à 9% et les taux d’intérêt à 21%.