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Italie

«Un acte de folie absolue» : dans le sud de Vérone, trois carabiniers tués dans une explosion de gaz lors d’une intervention

Deux frères et une sœur ont été arrêtés pour meurtre avec préméditation, dans le nord de l’Italie, après l’explosion au gaz de leur ferme alors qu’ils s’en faisaient expulser. La déflagration a entraîné la mort de trois carabiniers et les blessures d’une vingtaine de policiers.

Des policiers sécurisent et bouclent la scène de l'explosion dans la ville de Castel d'Azzano, en province de Vérone. (Claudio Furlan/AP)
Publié le 14/10/2025 à 18h07

Des carabiniers, des propriétaires surendettés et, au bout d’une interminable procédure d’expulsion, un piège aux conséquences mortelles. Mardi matin, alors qu’ils tentaient d’expulser de leur ferme de Castel d’Azzano ses trois propriétaires, deux frères et une sœur sexagénaires surendettés, trois carabiniers sont morts dans une explosion au gaz. Alors qu’ils s’introduisaient dans le domicile par la porte d’entrée, la ferme à deux étages s’est effondrée sur les forces de l’ordre. Enfouis sous les décombres, trois carabiniers ont trouvé la mort et une vingtaine de policiers ont été blessés, rapportent les pompiers.

Mais l’explosion n’est pas arrivée par accident, explique le commandant des carabiniers de Castel d’Azzano. «Une bouteille de gaz a été enflammée et l’explosion a touché directement nos agents» rapporte-t-il à l’Ansa, agence de presse italienne. «Nous avons été confrontés à un acte de folie absolue». Il semble que ce soit la sœur qui ait allumé la mèche, tandis que les deux frères se trouvaient dans une cave, rapporte le quotidien italien la Stampa.

Un «résultat inattendu et douloureux»

Tous trois s’étaient barricadés dans la maison, qui faisait l’objet d’une ordonnance d’expulsion «en raison de dettes contractées par les trois propriétaires», explique le président de la Vénétie Luc Zaia. Et ce n’est pas la première fois que les occupants de la ferme ont recours à cette méthode pour dissuader les équipes judiciaires et policières d’entrer : en octobre 2024, ils avaient déjà rempli les pièces de gaz, obligeant l’huissier de justice à reporter la procédure d’expulsion. Un mois plus tard, raconte La Stampa, deux des occupants avaient à nouveau résisté en grimpant sur le toit, entraînant des heures de négociations infructueuses. Le journal local véronais l’Arena rappelle également qu’il y a un an, l’un des trois habitants s’était aspergé d’essence et avait menacé de s’immoler par le feu.

Un an plus tard, les carabiniers et la police «ont tenté d’opérer avec une sécurité maximale et tout l’équipement nécessaire», décrit le procureur de Vérone concernant la procédure de ce mardi matin. «Mais le résultat a été inattendu et très douloureux».

En parallèle de la procédure d’expulsion, les forces de l’ordre intervenaient également pour une perquisition des lieux, à la recherche d’armes et d’explosifs, à la suite du déroulé des opérations l’année dernière. Le quotidien italien Correre della Sera rapporte qu’au moins cinq ou six bonbonnes de gaz ont été retrouvées dans les décombres de la ferme, à la suite de l’explosion.

Homicide volontaire et prémédité

Les deux frères, dont l’un avait pris la fuite, et leur sœur ont tous été retrouvés et arrêtés, a relevé sur Facebook le président de la région de la Vénétie, Luca Zaia. Le procureur de Vérone envisage un homicide volontaire et prémédité de leur part, rapporte l’Arena.

En milieu de journée, Luca Zaia, a décrété trois jours de deuil régional pour les trois carabiniers qui ont trouvé la mort dans l’explosion, tandis que le ministre de la Défense, Guido Crosetto, a exprimé dans un communiqué son «immense douleur» face à la nouvelle. «J’exprime également ma plus profonde sympathie et mon soutien sans faille aux carabiniers, aux forces de l’ordre et aux pompiers blessés», a-t-il ajouté.

Pour sa part, Giorgia Meloni a déclaré sur X suivre «avec compassion et tristesse l’évolution de ce dramatique événement, qui nous rappelle la valeur et le sacrifice quotidien de ceux qui servent l’Italie et ses citoyens».