Un avion de ligne d’Azerbaijan Airlines, qui assurait un vol entre Bakou, la capitale azerbaïdjanaise, et Grozny, capitale de la république caucasienne russe de Tchétchénie, avec 67 personnes à son bord, s’est écrasé ce mercredi 25 décembre au Kazakhstan. Les autorités kazakhs ont évoqué mercredi soir un bilan «de 38 morts et de 29 personnes hospitalisées, dont trois enfants».
L’appareil, qui comptait à son bord 62 passagers et cinq membres d’équipage, est tombé près du port de la mer Caspienne d’Aktaou, dans l’ouest du Kazakhstan, selon le ministère kazakh des Situations d’urgence. «L’avion de ligne reliant Bakou à Grozny s’est écrasé près d’Aktaou. Cet avion appartient à la compagnie aérienne Azerbaijan Airlines», a indiqué dans un communiqué le ministère kazakh des Transports.
Sur des vidéos publiées par des médias russes, mais aussi sur les réseaux sociaux, on voit l’avion descendre à grande vitesse du ciel avant de percuter le sol, un gigantesque incendie se déclarant aussitôt. D’autres images montrent l’avion au sol, partiellement calciné, l’avant de l’appareil ayant été entièrement détruit.
This video shows what happened in the minutes before the plane crash in Kazakhstan. The plane repeatedly went up and down before crashing. pic.twitter.com/dQ0H1c9R0R
— BNO News Live (@BNODesk) December 25, 2024
De son côté, Azerbaijan Airlines a indiqué qu’il s’agissait d’un avion Embraer 190 qui «a effectué un atterrissage d’urgence». «Des informations sur les victimes sont en train d’être clarifiées. Selon de premières estimations, il y a des survivants», avait souligné le ministère kazakh des Situations d’urgence dans la matinée. «Selon les premières informations, il y en avait 37 ressortissants azerbaïdjanais, six ressortissants kazakhs, trois citoyens kirghiz et 16 citoyens russes» à bord de l’appareil, sans compter les membres d’équipage, a affirmé le ministère kazakh des Transports.
Une erreur de la défense antiaérienne russe suspectée
Les origines du crash restent mystérieuses à cette heure. Azerbaijan Airlines avait affirmé dans un premier temps que l’avion avait percuté une nuée d’oiseaux, avant de retirer cette information. Pour sa part, le département régional du ministère kazakh de la Santé avait fait état, dans un communiqué, d’une «explosion d’un ballon» à bord de l’appareil, sans plus de précisions. Dans l’après-midi, quand des images de la carlingue de l’avion ont commencé à circuler, plusieurs spécialistes de l’aviation militaire ont estimé que les trous visibles sur la queue de l’appareil pourraient avoir été causés par les éclats d’un système de défense antiaérien.
«Si les dommages avaient été causés par une collision avec des oiseaux ou par des débris lors du crash, j’aurais imaginé voir beaucoup plus de bosses sur le fuselage près des trous. Il semble que chaque débris qui a heurté l’avion ait eu suffisamment d’énergie cinétique pour percer le fuselage et pas seulement le bosseler», écrit sur X Oliver Alexander, un analyste spécialisé en sources ouvertes.
L’avion de ligne pourrait peut-être avoir été confondu avec un drone par la défense antiaérienne russe. Ce 25 décembre au matin, des frappes de drones ont touché le sud de la Russie. Aux environs de l’heure où l’appareil devait atterrir à Grozny, des explosions ont été signalées dans la ville sur les réseaux sociaux. Ce type d’incident s’est déjà produit, notamment en 2014 lorsqu’un avion de la Malaysia Airlines a été détruit en vol au-dessus de l’Ukraine par un missile tiré par les forces séparatistes, et en 2020, quand un appareil d’Ukraine International Airlines a été abattu par erreur par les forces antiaériennes iraniennes à proximité de Téhéran.
«Nous ne pouvons pas divulguer les résultats de l’enquête pour le moment. Tous les scénarios possibles sont examinés et les expertises nécessaires sont en cours», a souligné le Parquet général azerbaïdjanais, en précisant qu’une équipe d’enquêteurs azerbaïdjanais s’est rendue au Kazakhstan et «travaille sur les lieux».
L’appareil avait fortement dévié de sa route
Au moment du crash, l’avion d’Azerbaijan Airlines était à des centaines de kilomètres de Grozny, de l’autre côté de la mer Caspienne, sans que l’on sache pourquoi il avait autant dévié de sa route. «La présence de drones a déjà entraîné la fermeture d’aéroports dans la région par le passé, et l’aéroport russe le plus proche de la trajectoire de l’avion était fermé mercredi matin», note Reuters. Selon le témoignage d’un passager recueilli par le média d’Etat russe RT, l’appareil aurait tenté d’atterrir à trois reprises à Grozny sans y parvenir à cause du brouillard. A la troisième tentative, il aurait entendu un bruit sourd à l’extérieur de l’avion.
Selon le service Flightradar24, qui permet de suivre en temps réel le mouvement des avions, l’appareil a traversé la mer Caspienne, en déviant de son trajet normal, avant de tourner en rond au-dessus de la zone où il s’est écrasé. Le site a également relevé que le brouillage GPS était particulièrement fort dans la zone.
Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, arrivé en Russie pour participer ce mercredi à un sommet informel des dirigeants de la Communauté des Etats indépendants (CEI) près de Saint-Pétersbourg (nord-ouest) avec Vladimir Poutine, a décidé d’interrompre sa visite et de revenir d’urgence en Azerbaïdjan, selon le service de presse de la présidence azerbaïdjanaise. Le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov a exprimé sur Telegram ses «condoléances» aux familles des victimes et a assuré «prier Dieu pour la guérison» des blessés.
Mise à jour à 12 h 25 avec un nouveau bilan de 32 survivants ; à 18 h 25 avec plus de précisions sur les conditions du crash.