Le groupe NRJ est une grosse machine. En France, pas moins de quatre radios (NRJ, Chérie FM, Nostalgie et Rire & Chansons) et deux chaînes de télévision (Chérie 25, NRJ Hits et jusqu’à très récemment NRJ 12) sont regroupées au sein de la même maison. Il s’étend aussi à l’international, avec une implantation dans 16 pays, peut-on lire sur son site internet. On trouve donc des radios qui émettent sous un «contrat de licence de marque» en Bulgarie, en Egypte ou encore à Chypre. Et même, depuis quelques années, en Russie.

Début 2021, NRJ a en effet autorisé Gazprom-Media Holding, un énorme groupe qui détient pas moins de 38 chaînes de télévision et une dizaine de radios en Russie, à utiliser sa marque. Montant des opérations, selon le média indépendant russe The Insider : 1,25 million d’euros pour un contrat qui court jusqu’au 31 décembre 2025. Déjà critiqué avant le début de la guerre en Ukraine, Gazprom-Media Holding est depuis devenu un groupe «qui partage de la propagande anti-ukrainienne et justifie l’agression russe en Ukraine», expliquait le Conseil européen en décembre 2024.

La radio NRJ en Russie suit la même ligne éditoriale. Pire, elle a même commencé à émettre début 2024 à Donetsk, territoire ukrainien annexé par la Russie deux ans auparavant. Depuis, les habitants de Donetsk peuvent entendre, entre des morceaux de Lady Gaga ou Selena Gomez, des publicités appelant à s’enrôler dans l’armée russe. Les annonces sont suivies d’un site internet ou d’un numéro à appeler pour s’inscrire dans l’armée, explique The Insider, qui décrit la station comme «un mix de pop internationale et de propagande».

La situation est d’autant plus surprenante qu’en 2023, dans un rapport annuel, le groupe NRJ se félicitait d’avoir participé, via son antenne Rire & Chanson, à une soirée au Casino de Paris «en faveur de l’association Doc4Ukraine qui aide les hôpitaux en leur fournissant du matériel et des médicaments».

Contacté par Libération, le groupe NRJ assure avoir «découvert avec stupéfaction» dans l’article de The Insider qu’une radio utilisant sa marque émettait à Donetsk et y propageait de la propagande russe. Une situation que le groupe «condamne avec la plus grande fermeté». NRJ explique que le contrat avait été signé avant «le début du conflit en Ukraine» et qu’il «n’autorise aucune exploitation sur le territoire de Donetsk», puisque la région appartient à l’Ukraine. Par ailleurs, «le contrat interdit la diffusion de tout message de nature politique», poursuit le groupe.

L’entreprise promet donc de mettre un terme à ce contrat rapidement. «Les démarches sont engagées dès aujourd’hui», promet le groupe NRJ, qui déclare par ailleurs avoir «cessé de percevoir tout règlement en exécution de ce contrat» depuis le début de la guerre en Ukraine. D’après les informations de Libération, le bien-fondé de ce contrat avait déjà été questionné en Comité social et économique (CSE) au début de la guerre en Ukraine, certains élus s’inquiétant qu’il puisse nuire à l’image du groupe. Mais il avait été décidé malgré tout de l’honorer jusqu’à son terme.

Mis à jour à 17 h 30 avec l’ajout de la discussion lors d’un CSE du groupe NRJ au début de la guerre en Ukraine.