Des milliers de fidèles défilaient lundi sous les ors de la basilique Saint-Pierre de Rome. L’heure est au recueillement devant la dépouille de Benoît XVI, mort samedi à 95 ans au monastère situé au cœur des jardins du Vatican où il vit sa retraite de pape émérite depuis 2013 date de sa renonciation à sa charge pontificale. Les funérailles du théologien et fervent gardien du dogme, Joseph Ratzinger de son nom de naissance, seront célébrées jeudi.
Une longue file d’attente serpente depuis l’aube sur la place Saint-Pierre entourée par la colonnade du Bernin, en présence de nombreux médias et d’un millier de membres des forces de l’ordre. Après être passés sous un portique de sécurité, fidèles et touristes pénètrent par l’allée centrale dans la plus grande église du monde, la plupart photographiant le corps de l’ancien pape avec leur smartphone. Certains prient ou font le signe de croix. Beaucoup d’entre eux avaient installé des tentes devant la basilique pour pouvoir être parmi les premiers à rendre hommage au premier pape allemand de l’histoire moderne.
Des milliers de fidèles font la queue au #Vatican pour rendre un ultime hommage à Benoît XVI pic.twitter.com/XozagRdbSY
— Patrick Mputu (@patrick_mputu) January 2, 2023
Benoit XVI était pourtant critiqué par le monde catholique, y compris dans son pays, à cause de ses positions conservatrices à la tête de l’Eglise, notamment sur l’avortement, l’homosexualité et l’euthanasie. Ses huit ans de pontificat étaient marqués par de multiples crises, Benoît XVI avait été rattrapé début 2022 par le drame de la pédocriminalité dans l’Eglise. Mis en cause par un rapport en Allemagne sur sa gestion des violences sexuelles lorsqu’il était archevêque de Munich, il était sorti de son silence pour demander «pardon» mais avait assuré n’avoir jamais couvert de pédocriminel. Une attitude que regrette Valerie Michalak, une Allemande venue quand même avec son mari et leurs quatre enfants de Dortmund, «nous savons qu’il avait connaissance de certains détails et il n’a pas aidé à ouvrir la boîte de Pandore», dénonce-t-elle en sortant de la basilique.
Les griefs de certains n’empêchent pas les hommages d’autres qui se multiplient devant la basilique «Il me semblait normal de venir lui rendre hommage après tout ce qu’il a fait pour l’Eglise», a confié sœur Anna-Maria, une religieuse italienne. «C’était un grand pape, profond et unique», souligne de son côté Francesca Gabrielli, venue spécialement de Toscane, qui apprécie «l’atmosphère de recueillement» régnant dans la basilique.
Des hommages des présidents du monde entier
Présidents et chefs de gouvernements du monde entier ont rendu hommage au pape émérite. Emmanuel Macron a ainsi exprimé ses pensées pour les catholiques de France et du monde entier.
Mes pensées vont aux catholiques de France et du monde, endeuillés par le départ de Sa Sainteté Benoît XVI, qui œuvra avec âme et intelligence pour un monde plus fraternel.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 31, 2022
Parmi les visiteurs de la première heure, on pouvait noter la présence de la Première ministre italienne d’extrême droite Giorgia Meloni qui a salué via un communiqué «un géant de la Foi et de la Raison» «C’est un grand de l’Histoire que l’Histoire n’oubliera pas». Le président russe, Vladimir Poutine, a quant à lui, évoqué un «défenseur des valeurs chrétiennes traditionnelles».
Des funérailles inédites
C’est le pape François qui présidera les funérailles de son prédécesseur jeudi, un événement inédit dans l’histoire deux fois millénaire de l’Eglise catholique qui mettra un point final à la cohabitation insolite des deux hommes en blanc.
La cérémonie, «solennelle mais sobre» selon le Vatican, se tiendra à partir de 09 h 30 (08 h 30 heures française) place Saint-Pierre, là même où les funérailles de Jean Paul II avaient attiré un million de personnes en 2005. Le pape émérite sera ensuite inhumé dans la crypte de la basilique où reposait Jean Paul II jusqu’en 2011, a annoncé lundi le porte-parole du Saint-Siège, Matteo Bruni.