Les frappes s’échangent comme les prisonniers. L’Ukraine a subi une nouvelle attaque aérienne massive tôt dimanche matin, qui a fait au moins douze morts, tandis qu’à Moscou des drones ukrainiens ont contraint des aéroports à des fermetures temporaires. Il s’agit de la deuxième nuit d’attaques importantes contre l’Ukraine, après quelque 250 drones et 14 missiles balistiques détectés dans la nuit de vendredi à samedi par les forces aériennes ukrainiennes, ciblant en majorité la capitale.

Cette fois, l’armée de l’air ukrainienne a affirmé que l’Ukraine avait subi dans la nuit de samedi à dimanche une attaque combinée de 367 projectiles, dont 69 missiles et 298 drones. Elle a dit avoir abattu 45 de ces missiles, ainsi que 266 drones. «Des attaques aériennes ennemies ont été signalées dans 22 endroits, et des chutes de débris de missiles et de drones abattus dans 15 endroits», a-t-elle précisé.

Les services d’urgence ukrainiens ont décrit dimanche matin une «nuit de terreur dans la région de Kyiv» dans un message sur Telegram, alors que, à peine quelques heures plus tard, les deux pays procédaient à un vaste échange de prisonniers. La Russie a annoncé que 303 soldats russes faits prisonniers avaient ainsi été échangés contre le même nombre de militaires ukrainiens, marquant la troisième et dernière phase d’un échange record de prisonniers entre Kiev et Moscou.

«L’attaque nocturne massive a fait quatre morts et 16 blessés, dont trois enfants» dans la région. Les services d’urgences ukrainiens ont également fait état d’un homme retrouvé mort dans la région méridionale de Mykolaïv, après une frappe de drone. Quatre personnes ont aussi été tuées et cinq blessées dans la région de Khmelnytskyi, ville de l’ouest de l’Ukraine, dans des frappes russes, selon un premier bilan dressé par les secouristes. Selon la même source, deux enfants âgés de 8 et 12 ans, ainsi qu’un adolescent de 17 ans, ont perdu la vie dans un bombardement russe dans la région de Jytomir, au nord-ouest du pays.

Plus d’une dizaine de drones russes avaient été détectés tôt dimanche matin à Kyiv, selon les autorités de la ville, et des journalistes de l’AFP ont entendu des explosions. L’essentiel du pays a été placé sous alerte aérienne après des tirs de missiles de croisière.

Les défenses aériennes ont abattu cinq drones et onze missiles sur la seule région de Kryvyï Rig, a indiqué le chef de l’administration militaire régionale du centre du pays, Oleksandr Vikoul. Des attaques ont aussi été signalées sur les régions de Kherson dans le sud du pays, et Ternopil dans l’Ouest, par les autorités locales.

Après cette nouvelle vague de frappes, Volodymyr Zelensky a appelé à imposer «une pression vraiment forte» sur la Russie pour faire cesser les bombardements. «Sans pression vraiment forte sur les dirigeants russes, cette brutalité ne peut être stoppée. Les sanctions aideront certainement», a déclaré le président ukrainien ce dimanche sur Telegram, en demandant aux Etats-Unis, aux pays européens et «tous ceux cherchant la paix» à faire preuve de «détermination» pour pousser son homologue russe, Vladimir Poutine, à «terminer la guerre».

La cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, a, elle aussi, appelé à exercer sur la Russie «la plus forte pression internationale pour arrêter cette guerre». Dans un message publié sur X, Kaja Kallas déplore que «les attaques de la nuit dernière montrent une fois de plus que la Russie est déterminée à accroître les souffrances et à anéantir l’Ukraine». Et d’ajouter : «Il est épouvantable de voir des enfants parmi les victimes innocentes blessées et tuées.»

Les offensives ukrainiennes n’ont pas davantage cessé, le maire de Moscou Sergueï Sobianine faisant état de plus d’une dizaine de drones ukrainiens au-dessus de la capitale russe, sans que cela fasse de victimes. Quatre aéroports moscovites, dont le principal, Cheremetievo, ont été temporairement fermés puis rouverts tôt dimanche, selon l’agence nationale de l’aviation Rossaviatsia.

Ces attaques surviennent en plein échange de prisonniers, seul résultat tangible des pourparlers d’Istanbul, les premiers entre les deux parties en trois ans. Mille prisonniers ont été échangés au total. L’échange de prisonniers et de corps de militaires tués au combat reste l’un des derniers domaines de coopération entre Kiev et Moscou, alors que la Russie occupe environ 20% du territoire ukrainien.

Mise à jour à 13 h 10 avec la réaction de l’UE