C’est la plus grosse attaque depuis des mois. Trente-huit missiles balistiques, de croisière, des Kinjal air-sol, ont été tirés sur plusieurs villes ukrainiennes lundi matin. « Plus de 170 personnes ont été blessées. A l’heure actuelle, nous savons qu’il y a eu 37 morts, dont trois enfants », a écrit le président Zelensky sur Telegram dans la soirée. Onze personnes ont été tuées dans la région de Dnipropetrovsk, dont 10 à Kryvyï Rig, et trois personnes sont mortes dans la ville de Pokrovsk, dans la région de Donetsk. C’est la capitale qui a payé le plus lourd tribut – en fin de journée, le bilan humain provisoire est de 22 morts et 69 blessés – dans une attaque multiple, touchant entre autres deux établissements de santé, dont le plus grand hôpital pour enfants du pays.
Reportage
«Les objectifs de la frappe ont été atteints. Les installations désignées ont été touchées», a rapporté sans sourciller le ministère russe de la Défense, tandis que les premières images d’enfants évacués avec leurs perfusions, sur des lits médicaux, et de civils déblayant les gravats à mains nues déferlaient sur les réseaux. Les frappes matinales, qui n’ont visé que des «installations de l’industrie militaire» et «les bases aériennes de l’armée», sont une riposte «aux tentatives du régime de Kyiv d’endommager les installations énergétiques et économiques russes», a encore plaidé Moscou. Qui a aussi accusé Kyiv de faire des déclarations «absolument fausses», dans une de ses «crises d’hystérie» qui arrivent «chaque fois à la veille d’une nouvelle réunion (sommet) de ses protecteurs de l’Otan».
Intercepter des drones
De fait, la pluie de missiles s’est abattue sur l’Ukraine, incidemment, à la veille du début d’un sommet crucial de l’Otan, qui se tiendra à Washington de mardi à jeudi. Si l’adhésion de l’Ukraine à l’alliance n’est pas au programme, il sera essentiellement question de l’aide que les Occidentaux vont devoir et pouvoir fournir à leur allié. Volodymyr Zelensky s’y rendra, après Varsovie, où il a signé aujourd’hui un traité bilatéral de coopération de défense, pour dix ans. Dans le cadre de cet accord, la Varsovie envisage de transférer à l’Ukraine un escadron supplémentaire de MiG-29 (14 chasseurs) à l’Ukraine. Le document prévoit également la possibilité d’intercepter dans l’espace aérien ukrainien des missiles et des drones tirés par la Russie en direction de la Pologne.
«Il est très important que le monde ne reste pas silencieux et que chacun voie ce que fait la Russie», a lancé le président ukrainien, appelant à «tenir la Russie pour comptable de ses actes de terreur» et demandant la convocation d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité, tandis que Paris a dénoncé un «acte barbare» et des «crimes de guerre». Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell a déploré que la Russie «cible sans pitié les civils ukrainiens», jugeant que «l’Ukraine a besoin d’une défense antiaérienne dès maintenant». De toute évidence, celle dont le pays dispose à l’heure actuelle, est insuffisante.
Dans l’est du pays, sur la ligne de front, l’armée russe continue de grignoter du terrain depuis des mois. Dimanche, elle a clamé avoir pris le contrôle du village de Tchigari, dans la région de Donetsk. Samedi, Moscou a déclaré que ses troupes s’étaient emparées d’un autre petit village dans la même zone où, selon les forces armées ukrainiennes, les combats sont acharnés. La récente avancée des forces russes – dérisoire par rapport aux moyens déployés – est plutôt conforme aux prévisions des experts militaires. Tatiana Stanovya, du think tank R. Politik, écrit que «la Russie ne dispose pas des ressources militaires nécessaires pour étendre de manière significative son contrôle sur l’Ukraine et doit ralentir son offensive. Elle continue de miser sur l’affaiblissement progressif de l’Etat ukrainien ou sur un effondrement du front, tout en continuant de cibler l’infrastructure énergétique du pays. Cette stratégie peut se poursuivre sans succès décisif».
Article actualisé le 9 juillet à 9h30 avec le bilan des victimes donné par Volodymyr Zelensky.