Conseiller spécial de l’Institut Jacques-Delors et professeur invité au Collège d’Europe à Bruges (Belgique), le politologue Thierry Chopin décrypte les préoccupations des électeurs, et les forces et les faiblesses d’une Union européenne (UE) traversée de vents contraires, fragmentée, avec une guerre à sa porte.
Dans quel contexte se tiennent ces élections ?
Les enquêtes d’opinion indiquent un pessimisme très fort vis-à-vis des situations économiques et sociales, à cause de l’inflation, même en reflux, et de la stagnation de l’activité économique. C’est une conséquence de la crise énergétique qui avait commencé avant l’invasion russe en Ukraine, mais qui s’est renforcée après le 24 février 2022, et qui pèse sur la compétitivité européenne. On parle beaucoup de décrochage vis-à-vis des Etats-Unis : les Européens perçoivent plus ou moins consciemment ce sentiment d’appauvrissement. Il y a un deuxième élément très marquant, évidemment, c’est le retour de la guerre sur le c