Napoléon, qui s’y connaissait en affaires militaires, posait toujours la même question lorsqu’on lui vantait les mérites d’un officier : «Fort bien, mais a-t-il de la chance ?» C’est la même chose en politique, comme le montre le brusque alignement des planètes en faveur d’Ursula von der Leyen qui joue, ce jeudi à Strasbourg, sa reconduction à la tête de la Commission pour un nouveau mandat de cinq ans. Si, avant les élections européennes, elle apparaissait en grand danger, tant au Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement qu’au Parlement européen, ce n’est plus le cas aujourd’hui : entre la crise française, la progression des populistes d’extrême droite, la probable élection de Donald Trump ou encore une Russie de plus en plus agressive, y compris sur le territoire des Etats membres, personne n’a envie d’ajouter un chaos européen à un tableau géopolitique qui vire au cauchemar. Selon toutes probabilités, les eurodéputés devraient donc la reconduire avec une majorité sans doute plus large qu’attendue.
Mépris affiché de l’institution
Les termes de l’équation sont simples : la conservatrice allemande doit obtenir une majorité absolue des membres du Parlement, soit 361 voix sur 720, pas une de moins. S’absenter ou voter blanc, c’est donc voter contre elle. A priori, elle peut compter sur le soutien de son groupe politique, dont elle était la «tête de liste» aux élections européennes, le PPE (188 sièges), ainsi que sur les deux autres groupes qui forment la coalition majoritaire, soit les soci