Au lendemain du retrait retentissant de Thierry Breton, Ursula von der Leyen a annoncé ce mardi 17 septembre, devant le Parlement européen à Strasbourg, la répartition des portefeuilles entre les vingt-six commissaires désignés par leur gouvernement. Curieusement, la liste n’est pas complète, ce qui est une première, la Slovénie n’ayant toujours pas confirmé sa candidate : sa nomination a dégénéré en crise politique, l’opposition reprochant au gouvernement d’avoir remplacé un homme par une femme sur pression d’Ursula von der Leyen sans l’avoir consultée. La logique aurait voulu que la présidente de la Commission attende, ce qu’elle a fait en retardant d’une semaine ses annonces, mais elle estime que Ljubljana n’a qu’à s’en prendre à lui-même, ce qui est un peu léger.
Architecture pyramidale
Les postes ont fait l’objet de délicates négociations entre la présidente de la Commission et ses commissaires, mais surtout avec les Etats membres qui avaient chacun leurs désidératas. Sans surprise, l’architecture pyramidale de la précédente commission a été conservée car elle permet à sa présidente de s’affirmer comme véritable cheffe de l’exécutif alors qu’elle n’est selon les traités européens que «primus inter pares», toutes les décisions se prenant à la majorité simple du collège des vingt-sept commissaires (un par pays).
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Six «vice-présidents exécutifs» (VPE) sont donc nommés : le Français Stéphane Séjourné, qu’Emmanuel Macron a préféré in extremis au sortant Thierry Breton, prendra la tête d’un portefeuille clé à la stratégie industrielle ; l’Espagnole Teresa Ribera, proche du Premier ministre Pedro Sánchez, obtient un large portefeuille sur la transition écologique ; l’Italien Raffaele Fitto, ministre des Affaires étrangères du gouvernement d’extrême droite italien, est chargé de la politique de cohésion de l’UE et des réformes ; la Finlandaise Henna Virkkunen hérite du poste de la Souveraineté technologique, la Sécurité et la Démocratie ; la Roumaine Roxana Mînzatu prendra la fonction aux Droits sociaux et à l’Education.
La seule qui connaissait déjà ses futures fonctions est la future ministre des Affaires étrangères de l’Union, l’ancienne Première ministre estonienne Kaja Kallas, puisqu’elle est désignée par les chefs d’Etat et de gouvernement. Elle dirigera donc à la fois le service diplomatique de l’Union et occupera les fonctions de vice-présidente de l’exécutif afin qu’elle puisse peser sur les débats. Ce qui ne s’est jamais vérifié jusqu’à présent et encore moins sous Ursula von der Leyen, qui estime qu’elle est en droit de mener sa propre diplomatie.
Every member of my team will bring in their own experience and perspectives on Europe.
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) September 17, 2024
Together, we will be one team, working towards one common goal.
To make Europe stronger. pic.twitter.com/xIvDNv4C7t
Par ailleurs, la Pologne, désormais dirigée par Donald Tusk, membre du PPE qui regroupe les conservateurs du PPE, est bien servie, puisque son commissaire récupère le budget – l’actuel, membre des populistes du PiS, s’occupant de l’agriculture.Le Lituanien Andrius Kubilius est nommé au nouveau poste de commissaire à la Défense et à l’Espace. Deux fois ancien Premier ministre, crédité du redressement économique de son pays lors de la crise financière de 2008, il devra muscler la défense en Europe, une priorité de la nouvelle Commission. Mais l’étendue de ses responsabilités, et les moyens dont il disposera, restent encore à préciser.
Pas de parité
Cette commission est loin de respecter la parité, 16 gouvernements (dont la France) ayant désigné un homme, seulement 11 femmes (soit 41 %, légèrement mieux que ce qui était attendu fin août) contre 13 dans la commission sortante. Pire, seule la Bulgarie a désigné un homme et une femme, comme le demandait Ursula von der Leyen. Mais celle-ci ayant été aux abonnés absents tout l’été, elle n’a pas pu peser sur le choix des gouvernements.
La présidente de la Commission, qui souhaitait la parité dans cette équipe de 27 commissaires, a expliqué que les propositions initiales des Etats membres donnaient une part de 22 % de femmes. «C’était complètement inacceptable», a-t-elle martelé, tout en reconnaissant que, malgré les avancées obtenues dans la dernière ligne droite, il y avait «encore beaucoup de travail à accomplir».