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Libération
Droit des travailleurs

Vatican : des employés de musées se rebiffent et menacent d’une action en justice inédite

Pape Léon XIVdossier
Dans ce qui pourrait devenir la première «class action» du micro-Etat religieux, une cinquantaine de salariés dénoncent des «conditions de travail qui portent atteinte à leur dignité et à leur la santé», s’estimant traités «comme de la simple marchandise».
La Salle ronde du musée Pio-Clementino au Vatican, le 13 février 2024. (Tiziana Fabi /AFP)
publié le 13 mai 2024 à 11h59

Un début de gronde sociale au cœur du Saint-Siège, dans le deuxième ensemble muséal le plus visité au monde et ses 6,8 millions de visiteurs en 2023. Au Vatican, 47 gardiens, un restaurateur et un employé de librairie (sur les 700 salariés que comptent les douze établissements) menacent l’administration d’une démarche sans précédent : attaquer en justice si certaines règles régissant le travail au sein du micro-Etat religieux ne sont pas améliorées. Ce serait la première «class action» potentielle au sein du siège de l’Eglise catholique et lieu de résidence du pape François, selon le quotidien italien Corriere della Sera, qui rapporte l’information dimanche 12 mai.

Dans une lettre adressée au cardinal Fernando Vèrgez Alzaga, président du gouvernorat de la cité du Vatican, les employés dénoncent «des conditions de travail qui portent atteinte à la dignité et à la santé de chaque travailleur» et une «mauvaise gestion évidente» des ressources humaines.

Par exemple, en cas de maladie, il n’y a pas de plages horaires définies pour les visites de contrôle de l’employeur, qui peuvent avoir lieu à tout moment. «Vous devez rester à la maison toute la journée» sans sortir, font valoir les plaignants, évoquant «une violation de la liberté personnelle». Les employés contestent aussi des «abus» concernant l’utilisation et la rémunération des heures supplémentaires, moins payées que les heures normales.

Ils affirment également que les musées du Vatican (qui abritent notamment la chapelle Sixtine) dépassent régulièrement la jauge maximale quotidienne de 24 000 visiteurs en dépit des règles de sécurité élémentaires. «Le pape parle de droits, mais nous, ici, sommes considérés comme de la simple marchandise», résument les salariés.

Pendant plusieurs années, beaucoup d’entre eux ont essayé individuellement de trouver un accord, mais se sont toujours heurté à un mur – le Vatican ne reconnaissant aucun syndicat. D’où cette démarche collective exceptionnelle. Techniquement, il s’agit d’une première étape de négociation avant l’ouverture formelle d’une véritable procédure judiciaire. Le Vatican a trente jours y pour donner suite.