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Libération
Reportage

Vidé de force de ses habitants «non occidentaux», un quartier de Copenhague organise sa riposte

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Les résidences de Mjolnerparken, dans le nord de la capitale danoise, sont victimes de la politique de lutte contre des supposés «ghettos» menée par le gouvernement, qui a relogé sous la contrainte la moitié de leurs habitants. Certains d’entre eux mène une bataille juridique.
Muhammad Aslam, figure de la contestation contre le plan de relogement de Mjolnerparken, félicite les jeunes diplômés du quartier. (Nicolas Lee/Libération)
par Nicolas Lee, envoyé spécial à Copenhague (Danemark)
publié le 13 juillet 2025 à 12h55

«Bienvenue les jeunes», lance Muhammad Aslam, au milieu des rires qui éclatent à l’entrée de la petite salle des fêtes dans le nord de Copenhague. Portés par l’ivresse du dernier jour de lycée, les adolescents arborent fièrement leur studenterhue – cette casquette blanche à ruban coloré, qui scelle le passage à l’âge adulte autant qu’elle célèbre la fin des examens au Danemark. Comme chaque année, l’été danois est rythmé par le passage de camions, la benne pleine de lycéens qui boivent, bondissent et hurlent leur musique à plein volume.

Dans le quartier de Mjolnerparken, vaste complexe urbain sorti de terre dans les années 80, les collectifs d’habitants complètent cette tradition nationale d’une célébration locale. «On a commencé, je pense, il y a vingt ans à faire cette petite fête», se remémore Muhammad, dont les quatre enfants ont grandi dans le quartier. Trois d’entre eux sont aujourd’hui ingénieur, médecin et avocat, la petite dernière poursuit ses études. La «petite fête» de Mjolnerparken a perdu une grosse partie de ses participants depuis que la moitié des habitants de cette résidence, souvent présentée comme la pire du Danemark, ont été relogés ailleurs.

Muhammad Aslam, conducteur de taxi sexagénaire arrivé au Danemark à 7 ans depuis le Pakistan, est devenu l’une des figures de la contestation contre ce plan de relogement visant deux des quatre bâtiments en enfilade qui forment Mjolnerparken, une décision prise par les autorités car la prop