C’est une rencontre inattendue qui se déroule ce mardi 2 juillet à Kyiv. Viktor Orbán est arrivé dans la capitale ukrainienne pour effectuer sa première visite depuis le début de l’invasion russe, a annoncé Budapest. Le Premier ministre hongrois va avoir «des discussions avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky» et va évoquer «la possibilité de parvenir à la paix», a précisé son attaché de presse Bertalan Havasi, cité par l’agence de presse nationale MTI.
Cette visite surprise intervient alors que la Hongrie vient de prendre la présidence tournante de l’Union européenne ce lundi, et ce pour les six prochains mois. Lundi, le président ukrainien avait adressé ses «félicitations» à Budapest, tout en disant espérer que le pays promouvrait les «valeurs, objectifs et intérêts européens communs».
A lire aussi
Il faut dire que les relations n’ont pas toujours été simples entre la Hongrie et l’Ukraine. Au pouvoir depuis 2010, le populiste Viktor Orbán se démarque nettement des autres dirigeants occidentaux concernant sa position à l’égard de Kyiv. Le dirigeant bloque par exemple régulièrement l’aide militaire à l’Ukraine, pourtant précieuse pour le pays, et ne cesse d’appeler à un cessez-le-feu. En début d’année, il avait mis son veto à une aide financière de 50 milliards d’euros destinée à l’Ukraine. L’enveloppe avait finalement été validée, mais avec un retard dénoncé par les responsables ukrainiens.
Des liens renforcés avec le Kremlin
Fin 2023, le leader eurosceptique s’était également fermement opposé à toute discussion d’adhésion à l’UE pour l’Ukraine, jugeant que le pays n’était pas prêt et qu’il n’y avait «aucune raison de discuter quoi que ce soit». Il avait finalement accepté de quitter la table du sommet des dirigeants des Vingt-Sept, le temps que ses 26 homologues donnent leur feu vert à l’ouverture des négociations d’adhésion avec Kyiv.
Mais les tensions ne s’arrêtent pas là. Malgré l’invasion de l’Ukraine, Viktor Orbán est aussi resté proche de Moscou et de son président Vladimir Poutine ces dernières années. Allant à contre-courant des autres pays occidentaux, le Premier ministre hongrois a même renforcé les liens politiques et économiques de son pays avec le Kremlin, la Russie restant une source clé pour les besoins énergétiques du pays d’Europe centrale.
Une rencontre attendue
Le dirigeant hongrois désapprouve d’ailleurs les sanctions européennes votées contre la Russie et tente de les adoucir, sans toutefois les bloquer entièrement. Il a également qualifié à plusieurs reprises l’invasion russe d’«opération militaire», reprenant un euphémisme du Kremlin. Lors d’un discours après sa réélection en 2022, Viktor Orbán avait même classé Volodymyr Zelensky parmi ses «opposants». Le président ukrainien, de son côté, avait dénoncé dès les premiers jours de l’invasion le manque de soutien de Viktor Orbán.
Malgré les tensions, les deux leaders s’étaient rencontrés à plusieurs reprises, notamment fin juin, lors d’un sommet du Conseil européen à Bruxelles. Une nouvelle réunion était en discussion depuis plusieurs mois, selon des déclarations de responsables ukrainiens. Fin janvier, leurs ministres des Affaires étrangères respectifs s’étaient ainsi rencontrés, en vue de préparer une rencontre entre leurs dirigeants.