Menu
Libération
Reportage

Vingt-cinq ans après, la Serbie toujours hantée par les bombardements de l’Otan

Article réservé aux abonnés
A Belgrade, le souvenir et les stigmates des frappes de l’Alliance atlantique, lancées en mars 1999, demeurent très présents. Dans le pays dirigé par l’ultranationaliste Vucic, le conflit en Ukraine a ravivé le sentiment anti-occidental.
Aujourd'hui, Belgrade affiche encore des traces des bombardements comme ici l'ancien immeuble du quartier général de l'arméée. (Andrej Isakovic/AFP)
par Louis Seiller, envoyé spécial à Belgrade (Serbie)
publié le 24 mars 2024 à 9h51

Le 24 mars 1999 en début de soirée, Ljudmila et Dejan se donnaient leur premier rendez-vous dans le parc de Kalemegdan, en plein centre de Belgrade. Mais les jeunes amoureux, actifs au sein de la scène alternative, n’ont pas eu le temps d’admirer la vue sur la confluence du Danube et de la Save. «Quand on est arrivés, c’est là que le bombardement a commencé, avec des éclairs et des tirs antiaériens, se souvient Ljudmila Stratimirovic, en désignant au loin l’ouest de la capitale serbe. On ne suivait pas les infos, donc on pensait que c’étaient des feux d’artifice, et que c’était idéalement romantique… Quand on s’est réfugiés chez moi, mon frère nous a confirmé que les frappes de l’Otan avaient commencé.»

Début 1999, la guerre est en cours au Kosovo entre l’armée yougoslave et la guérilla indépendantiste albanaise (UCK). Trois ans après la fin des conflits en Croatie et en Bosnie-Herzégovine, les Occidentaux redoutent que le régime de Slobodan Milosevic déclenche une nouvelle campagne de nettoyage ethnique contre les Kosovars albanais (la guerre du Kosovo a fait 13 000 morts, dont environ 11 000 Kosovars albanais). Le président serbe refuse l’ultimatum américain, et