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Reportage

Vingt-cinq ans après le Vendredi saint : à Belfast, les nouveaux combats de la jeunesse

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Dans la capitale nord-irlandaise, la génération née après les accords de paix de 1998 tente de mettre de côté les divisions du passé entre catholiques et protestants et préfère militer sur le terrain des droits sociaux.
A Belfast, la jeunesse s’intéresse davantage à la gay pride et aux droits des minorités qu’aux divisions ethniques et politiques. Ici dans le magasin de disques de la DJ Marion Hawkes. (Chad Alexander/Libération)
par Juliette Démas, envoyée spéciale à Belfast
publié le 11 avril 2023 à 7h17

On retient généralement la fin des années 90 comme celle du début de la génération Z. En Irlande du Nord, ces années marquent surtout la fin de la guerre civile et l’arrivée des «bébés du cessez-le-feu». Nés après les accords de paix de 1998, ces enfants d’une nouvelle ère ont grandi en temps de paix. Ils étaient supposés récolter les fruits de la prospérité et échapper aux traumas de leurs aînés, marqués par le conflit qui a opposé les unionistes (majoritairement protestants et britanniques) aux nationalistes (catholiques et irlandais) pendant trente ans.

Malgré les changements et les espoirs, leur réalité est loin d’être rose. Le taux de suicide chez les moins de 25 ans est deux fois plus élevé qu’en Angleterre. L’échec scolaire est répandu. On estime qu’un enfant sur dix est sujet à l’anxiété ou à la dépression, et que 7,5 % des 16-24 ans ne sont ni employés, ni étudiants, ni en train de chercher du travail. Une grande partie d’entre eux grandit encore dans des quartiers ségrégués et se sent oubliée par la politique et privée d’opportunités.

Cohen Taylor, 18 ans, a rapidement demandé à ses parents de l’inscrire dans un collège «intégré», où les deux communautés sont mélangées dans chaque classe. Il fait partie d’une minorité chanceuse : 9 élèves sur 10 étudient toujours dans des écoles soit catholiques, soit protestantes. «Je pense que sans ça, je n’au