Ce jeudi 8 juin, quand il sera placé dans la cage qui sert de box pour les accusés dans les tribunaux russes, affichera-t-il le même petit sourire ironique que le 17 avril dernier, lors de sa condamnation à vingt-cinq ans de prison pour avoir critiqué le régime de Poutine ? La sentence avait été prononcée devant les caméras. Ce jour-là, Vladimir Kara-Murza, 41 ans, avait souri à sa mère, seul membre de sa famille autorisé à assister au verdict. Il avait jeté un regard presque goguenard sur ce simulacre de justice, avant de prononcer quelques mots d’une force incroyable. «Je souscris à chaque mot que j’ai prononcé. Je ne me reproche qu’une chose : qu’au cours de toutes mes années d’activité politique, je n’aie pas réussi à convaincre assez de mes compatriotes et assez de responsables politiques des pays démocratiques du danger que le régime actuel du Kremlin représente pour la Russie et le monde. Aujourd’hui, c’est devenu clair pour tout le monde, mais à un prix terrible – le prix de la guerre.»
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Pour l’opposant de très longue date de Poutine, le prix à payer est aussi phénoménal : la perspective d’un envoi prochain dans une colonie pénitentiaire lointaine – son appel devrait confirmer sa sentence – et une santé toujours plus dégradée. Il a perdu plus de 22 kilos en un an de détention et les symptômes liés à la pathologie neurologique dont il souffre depuis