La concomitance est frappante. «La guerre en Ukraine a éclaté au moment où Nord Stream 2 allait entrer en service», souligne Nathalie Loiseau, la présidente (Renaissance) de la sous-commission de la défense du Parlement européen. Pour Vladimir Poutine, il était clair que ce second gazoduc contournant l’Ukraine parachevait la dépendance de l’Union européenne au gaz russe bon marché et le préservait d’une forte réaction – le précédent de la Géorgie en 2008 et de la Crimée en 2014 l’ayant conforté dans son mépris des Européens.
Mais il s’est gravement trompé : l’unité politique européenne face à l’ogre russe n’a jamais faibli, «ce qui n’était pas évident», reconnaît un diplomate européen. Surtout, par sa violence, le maître du Kremlin a contraint l’UE à sortir de sa zone de confort, celle où elle se pensait seulement en puissance économique dans un monde en paix éternelle. Pour la première fois de son histoire, elle a enfin agi en puissance géopolitique :