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Réactions

Réélection de Vladimir Poutine : Occidentaux et opposants dénoncent un scrutin sans «légitimité», la Chine «exprime ses félicitations»

Ukraine, Pologne, Etats-Unis… Passage en revue des réactions de la communauté internationale ce lundi 18 mars après l’annonce de la réélection du maître du Kremlin.
Vladimir Poutine dans sa résidence «Novo-Ogaryovo», près de Moscou, vendredi 15 mars. (Mikhail Metzel/SPUTNIK. REUTERS)
publié le 17 mars 2024 à 20h39
(mis à jour le 18 mars 2024 à 8h52)

Six ans de plus. Vladimir Poutine, a remporté ce dimanche 17 mars, selon de premières estimations, avec 87 % des voix une présidentielle qui avait été calibrée pour garantir son triomphe, en l’absence d’une opposition décimée par la répression et n’ayant même pas pu présenter de candidat. Ce score fourni à l’issue d’un sondage de sortie des urnes par l’institut officiel Vtsiom a été annoncé à la télévision d’Etat russe. Selon la commission électorale nationale, le maître du Kremlin a réuni 87,97 % des voix après le dépouillement des suffrages dans 24 % des bureaux de vote. Un record pour celui qui avait toujours recueilli entre 64 % et 68 % des suffrages aux scrutins précédents.

Immédiatement après ces premiers résultats, les premières réactions à ce simulacre d’élection sont tombées. Concerné au premier chef, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a fustigé un scrutin qui n’a «aucune légitimité». «Il est clair pour tout le monde que ce personnage, comme cela s’est produit si souvent dans l’histoire, est tout simplement ivre de pouvoir et fait tout ce qu’il peut pour régner éternellement», a déclaré Zelensky dans un message sur les réseaux sociaux.

Un scrutin basé sur «la répression et l’intimidation»

L’élection présidentielle en Russie «n’a pas été un scrutin libre et juste», elle a été «basée sur la répression et l’intimidation», a dénoncé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, dans une déclaration publiée au nom de l’Union européenne (UE) lundi. Selon l’Espagnol, le scrutin «a eu lieu dans un contexte de fortes restrictions, exacerbées par la guerre d’agression illégale de la Russie contre l’Ukraine». Et l’UE d’annoncer qu’elle ne reconnaîtra pas le résultat des élections «illégales» qui ont eu lieu dans les territoires ukrainiens sous contrôle russe.

La France a estimé de son côté que «les conditions d’une élection libre, pluraliste et démocratique» n’avaient pas été «une nouvelle fois» réunies en Russie. Le processus électoral en Russie s’est déroulé «dans le contexte d’une répression accrue à l’encontre de la société civile et de toute forme d’opposition au régime, de restrictions toujours plus fortes à la liberté d’expression et de l’interdiction de fonctionnement des médias indépendants», a souligné le ministère français des Affaires étrangères. Même discours à Berlin, où la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock a évoqué une «élection sans choix». Pour l’Allemagne, l’élection de ce weekend témoigne de «l’action infâme de Poutine contre son propre peuple», a ajouté la ministre.

«Félicitations» de la Chine

A travers la voix de son ministère des Affaires étrangères, la Pologne a aussi estimé dans un communiqué que «l’élection présidentielle en Russie n’est pas légale, libre et équitable». Varsovie ajoutant que le scrutin s’est déroulé «dans un contexte de répressions sévères» et dans les régions occupées de l’Ukraine, en violation du droit international. Sans surprise, la Maison Blanche a aussi jugé que l’élection présidentielle n’était «évidemment pas libre et équitable». Des termes repris un peu plus tard par Londres. David Cameron, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères a ainsi déploré «le manque de choix» offerts aux votants et l’absence d’observateurs de l’OCSE sur place. «Ce n’est pas ce à quoi ressemblent les élections libres et équitables», a jugé l’ancien Premier ministre britannique.

L’équipe de l’opposant russe Alexeï Navalny, mort en prison le 16 février, a dénoncé un résultat fabriqué. «Les pourcentages inventés pour Poutine n’ont évidemment pas de lien avec la réalité. Cela ne vaut pas la peine d’en parler», a réagi sur Twitter Léonid Volkov, ex-bras droit en exil du défunt, quelques minutes après l’annonce du dépouillement des suffrages d’un quart des bureaux de vote.

Mais Vladimir Poutine n’a pas que des détracteurs. L’ex-président russe Dmitri Medvedev, qui avait occupé la présidence de 2008 à 2012, a, lui, félicité son ancien Premier ministre «pour sa victoire éclatante». Les dirigeants du Venezuela, du Nicaragua, de Cuba et de Bolivie ont aussi applaudi le patron du Kremlin pour sa réélection.

De son côté, la Chine «exprime ses félicitations» ce lundi matin, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lin Jian, ajoutant : «Nous sommes convaincus que, sous la direction stratégique du président Xi Jinping et du président Poutine, les relations entre la Chine et la Russie continueront à progresser». En Corée du Nord, enfin, le président Kim Jong Un assure que la réélection de Vladimir Poutine traduit «le soutien inébranlable du peuple russe» au maître du Kremlin.

Mise à jour : ce lundi 18 mars à 10h26, avec l’ajout du ministère français des Affaires étrangères.

Mise à jour : ce lundi 18 mars à 11h58, avec l’ajout des réactions de l’UE et de l’Allemagne.