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Face à face

Trump confirme la rencontre avec Volodymyr Zelensky, qui compte lui demander s’il va prolonger l’aide à l’Ukraine

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Le président ukrainien, qui recherche une «paix durable» pour son pays, se rend à Washington ce vendredi pour rencontrer son homologue américain afin de finaliser l’accord sur les minerais.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Kyiv le 26 février. (Tetiana Dzhafarova /AFP)
publié le 26 février 2025 à 17h38
(mis à jour le 26 février 2025 à 18h47)

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, va rencontrer ce vendredi 28 février Donald Trump à Washington pour finaliser un accord cadre sur l’exploitation de minerais ukrainiens et lui demander en face à face s’il comptait arrêter l’aide américaine à Kyiv. Le président américain, qui a confirmé la tenue du meeting, a procédé en deux semaines à un revirement total de la position des Etats-Unis sur la guerre entre la Russie et l’Ukraine, allant jusqu’à qualifier Zelensky de «dictateur» et reprenant les éléments de langage du Kremlin quant aux causes de l’invasion russe depuis février 2022.

Le chef de l’Etat ukrainien tente, quant à lui, comme il le peut, de jouer l’apaisement, tant le soutien de Washington est crucial pour Kyiv, alors qu’il recherche une «paix durable» pour son pays, dévasté par les combats, les destructions et la mort de dizaines de milliers de soldats et civils. Ces derniers jours, les discussions – tendues – tournaient entre représentants américains et ukrainiens sur un accord concernant l’exploitation de minerais ukrainiens par les Etats-Unis.

«Il y a une date de travail […] vendredi» pour le voyage à Washington, a ainsi annoncé ce mercredi Zelensky au cours d’une conférence de presse à Kyiv. Sa rencontre avec Donald Trump, non confirmée à l’heure actuelle par la Maison Blanche, devrait permettre la signature de cet accord-cadre, en vue d’un texte plus détaillé, ce que le président américain disait absolument vouloir en compensation de l’aide militaire et financière versée depuis trois ans.

Les points d’achoppement – en particulier sur la somme de 500 milliards de dollars d’aide américaine évoquée par Trump – ont fini par disparaître, assure Zelensky. Le document prévoit qu’Américains et Ukrainiens exploitent en commun des richesses minières et que les revenus qui en seront issus aillent dans un fonds «commun».

Quid de l’aide américaine ?

Pour l’Ukraine, une condition clé pour donner accès à ses ressources à ses alliés est d’obtenir des garanties de sécurité, devant dissuader la Russie de toute nouvelle invasion après un éventuel accord de cessation des hostilités. A ce stade, le texte de l’accord sur les minerais comporterait une référence à la sécurité de l’Ukraine mais pas de garanties concrètes.

Zelensky a par ailleurs dit mercredi vouloir demander à son homologue américain s’il comptait vraiment «arrêter» l’assistance à l’Ukraine. «Ma question sera très directe : les Etats-Unis vont-ils arrêter le soutien ou pas ? Allons nous pouvoir acheter des armes (aux Etats-Unis), si ce n’est plus de l’aide ?» a-t-il déclaré devant les journalistes.

L’Ukraine a pu résister pendant trois ans aux forces russes, plus nombreuses et mieux armées, grâce à la résilience de ses troupes et de sa population, mais aussi et surtout, grâce au soutien militaire et économique occidental, Etats-Unis en tête, ce qui a longtemps provoqué la colère de Moscou. Mais depuis son appel à Vladimir Poutine le 12 février, Donald Trump a renversé les rapports de force, s’alignant sur la sémantique du Kremlin concernant le dossier ukrainien et votant même avec la Russie lors d’un vote à l’ONU ce lundi.

Russes et Américains ont promis de poursuivre leurs discussions en vue de remettre à plat leurs relations bilatérales et des diplomates des deux pays se retrouveront jeudi à Istanbul, d’après le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Pris par surprise par cette séquence d’événements en leur défaveur, Européens et Ukrainiens sont pour le moment relégués au rang de spectateurs.

«Nous allons demander à l’Europe de le faire»

Le président français Emmanuel Macron – qui était à Washington lundi – et le Premier ministre britannique Keir Starmer, attendu jeudi sur place, cherchent pour leur part à convaincre Donald Trump qu’un accord global pour «une paix durable» en Ukraine ne pourra être trouvé qu’avec leur participation et celle des autorités ukrainiennes.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni a à cet égard réclamé mercredi que des «garanties de sécurité» soient données à Kyiv «dans le cadre de l’Otan» afin de parvenir à une paix «juste». Pour tenter de se coordonner et débriefer la rencontre Macron-Trump de lundi, les dirigeants des 27 Etats membres de l’UE se réunissent dans la journée en visioconférence. Parallèlement à cette rencontre, Donald Trump a indiqué qu’il appartenait aux Européens de donner ces garanties de sécurité à l’Ukraine. «Nous allons demander à l’Europe de le faire parce que, vous savez, l’Europe est leur voisin immédiat, mais nous allons nous assurer que tout se passe bien.»

En attendant d’éventuelles avancées sur le front diplomatique, les forces russes, comme tous les jours depuis trois ans, ont bombardé mercredi les villes et les villages d’Ukraine, faisant au moins sept morts, selon les autorités, dont cinq dans la région de Donetsk (est) et une journaliste ukrainienne de l’agence de presse publique Ukrinform, Tetiana Koulyk. L’armée ukrainienne a pour sa part revendiqué une contre-offensive réussie près de Pokrovsk, une ville de l’est de l’Ukraine que les troupes russes tentent de conquérir, et aux abords d’une autoroute clé desservant la grande cité de Dnipro, dans le centre.

Mise à jour mercredi 26 février à 18h46 avec les déclarations de Donald Trump.