La guerre en Ukraine a décidément des conséquences des plus inattendues. L’Espagne n’y échappe pas, qui vient brusquement et contre toute attente de modifier sa position sur la très délicate question du Sahara-Occidental, dont elle est l’ancienne puissance coloniale et que le Maroc a occupé en 1975 : de protagoniste honnie par Rabat, elle vient d’adouber les visées annexionnistes de son voisin. Jusque-là, Madrid maintenait en effet une neutralité de rigueur sur ce conflit où elle est juge et partie, se bornant à appuyer la mission onusienne créée spécifiquement sur la question, la Minurso, qui tente en vain depuis le cessez-le-feu de 1991 de sceller une entente entre le royaume chérifien et le Front Polisario, partisan d’un référendum d’autodétermination.
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Coup de théâtre, donc : par une lettre envoyée au souverain marocain Mohammed VI, le gouvernement du socialiste Pedro Sànchez a renoncé à cette neutralité, en appuyant clairement la stratégie du Maroc de faire de cet immense territoire désertique riche en phosphates «un territoire autonome». Autrement dit, une partie pleinement intégrée de la nation marocaine. En substance, cette lettre considère que la proposition marocaine, qui date de 2007, «est la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du contentieux». Les socialistes espagnols font donc soudainement fi du Front Polisario, après avoir soutenu jusqu’alors qu’aucun accord ne pourrait avoir lieu sans tenir compte de son assentiment. Pou