L’atmosphère festive et l’énergie à revendre qui se dégagent de la marche monstre, typique des mobilisations espagnoles, a quelque chose de trompeur. Derrière les cris de ralliement ce samedi 5 avril à Madrid, le plaisir manifeste à se rassembler pour une noble cause, les fumerolles dignes d’un carnaval, sourde une colère palpable. «Basta», brandit Julia, 23 ans, étudiante en droit, sur une pancarte de carton qu’elle a confectionné à la va-vite. «Oui, basta, car je sens qu’il y a une grande rébellion qui couve. On se bouge, on s’agite, on manifeste de la colère, mais il va arriver un moment où tout cela va déborder. Car, en réalité, c’est vital ce qui se joue : où et comment avoir un toit, traduit-elle. Le droit au logement, c’est inscrit dans la Constitution, mais pour la majorité des gens, surtout nous les plus jeunes, c’est une idée creuse, vide de réalité.»
Julia, qui travaille en parallèle pour une agence de publicité, doit mettre 750 euros par mois dans son loyer, soit 65 % de son salaire, charges non comprises. Elle loge dans un 60 mètres carrés sans charme dans