On pense souvent qu’un espion est quelqu’un de très intelligent, d’ambitieux et, du fait de ses activités secondaires, de riche. C’est peut-être vrai en temps de paix ou au cinéma, mais quand l’ennemi se masse aux frontières ou a déjà envahi le pays, la plupart des espions ne correspondent pas du tout à ce fantasme. Pour ces opportunistes à la marge de la société, pas de smoking, de vodka Martini ou d’Aston Martin. Ils s’estiment victimes d’une injustice, ont peur de sombrer dans la misère et sont cupides.
C’est ce qui s’est passé en Ukraine lors de l’invasion russe en 2022. Pendant que l’armée ukrainienne se déployait, les envahisseurs, qui devaient établir une liste des meilleures cibles dans tout le pays, ont fait appel à des centaines d’habitants, en concentrant leurs efforts sur ceux qui se sentaient défavorisés depuis l’indépendance de l’Ukraine.
On trouvait parmi eux des nostalgiques de l’Union soviétique, enclins aux théories du complot, ou des gens qui avaient fait fortune il y a quelques décennies et perdu leur patrimoine et leur influence depuis. Les Russes leur ont promis de les récompenser grassement dès leur arrivée au pouvoir. Les exemples de collaboration sont légion depuis deux ans dans les régions provisoirement occupées de l’Ukraine. En voici deux.
Pommes et propagande
Kirill Stremooussov était un extrémiste, journaliste à ses heures, nostalgique de l’URSS et ardent partisan de la désinformation sur le Covid. Au printemps 2022, il a été nommé gouverneur adjoint de la région de Kh