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Documentaire

«White Power» sur Arte, une plongée dans l’extrême droite européenne

Le documentaire de Christophe Cotteret diffusé ce mardi 3 septembre au soir explore les liens entre groupuscules violents et extrêmes droites politiques en Europe, via des interviews avec plusieurs figures du mouvement.
Extrait du documentaire «White Power. Au cœur de l'extrême droite européenne». (Wrong Men /CibleProd)
publié le 3 septembre 2024 à 15h03

A force de voir l’extrême droite truster le haut des sondages et se rapprocher un peu plus du pouvoir à chaque élection, on pourrait oublier ce qu’elle est vraiment. A force de normalisation, d’interviews souriantes, de candidats bien peignés, on pourrait être tentés de prendre les partis d’extrême droite comme des formations comme les autres. Le documentaire White Power. Au cœur de l’extrême droite européenne, diffusé ce mardi 3 septembre au soir sur Arte et disponible en ligne jusqu’en décembre, vient rappeler qu’il n’en est rien. Racisme, antisémitisme, tentation fascisante et violence sont toujours omniprésents dans l’écosystème des droites extrêmes.

Pour cette enquête, Christophe Cotteret s’est rendu dans les bastions de l’extrême droite en Allemagne, en Belgique et en France. De la Thuringe, où l’AfD (Alternative für Deutschland) a remporté les élections régionales ce week-end, à la Flandre, où règne le Vlaams Belang, son documentaire met en lumière les liens entre groupuscules violents et extrême droite politique. En Rhénanie-du-Nord-Westphalie, on rencontre Axel Reitz, le «Hitler de Cologne», aujourd’hui repenti. Dans les années 2000, cheveux gominés en arrière et grand imper noir, c’est lui qui organisait la première marche nationaliste de Cologne depuis 1945. «Lorsque l’on défend notre vérité et que les gens ne comprennent pas, on en arrive à un point où on se dit “on va les forcer à comprendre”. C’est là que le recours à la force commence», explique l’ancien néonazi.

«Grand remplacement» et «remigration»

«Ce n’est pas avec des groupes radicaux qu’on prend le pouvoir. Par contre, un groupe radical va véhiculer des idées nouvelles et jouer un rôle de lobby vis-à-vis des grands partis», reconnaît aussi Christian Bouchet, bien placé pour évoquer le sujet, lui qui a fondé plusieurs groupuscules extrémistes avant de rejoindre le Rassemblement national.

L’un des mérites du documentaire tient à ses rencontres. Christophe Cotteret fait parler devant sa caméra Björn Höcke, le sulfureux leader de l’AfD en Thuringe, Eliot Bertin, le chef de file de Lyon populaire, groupuscule nationaliste révolutionnaire issu du GUD, Martin Sellner, l’influenceur autrichien qui porte le concept de «remigration». Chacun explique sans fard ses théories qui se recoupent et se ressemblent. Grand remplacement, ethno-différentialisme et remigration forment la base de leur réflexion, inspirée par les mouvements suprémacistes blancs américains.

«Nous devons rapatrier les clandestins arrivés illégalement, et qui en dehors de la folie de l’asile de la Convention de Genève n’auraient jamais le droit d’être ici», affirme posément Gerolf Annemans du Vlaams Belang, un parti allié au RN au Parlement européen. «On ne fait pas de distinction entre migration légale et illégale, mais entre immigration intra ou extra-européenne», reconnaît tout aussi calmement Eliot Bertin, du groupuscule Lyon populaire. Côté pile, le jeune homme tracte à visage découvert pour «l’écologie intégrale», qui défend «la vie humaine, de la conception à la mort», et offre des cafés aux passants. Côté face, il organise des descentes violentes et cagoulées dans le centre-ville de Lyon ou contre des débats sur la Palestine. Un mode d’action à deux visages que l’on retrouve dans toutes les droites extrêmes du continent.

White Power. Au cœur de l’extrême droite européenne. Ce mardi soir à 22h50 sur Arte, puis disponible en rediffusion jusqu’en décembre.