Il y a comme à chaque fois ces bonnes nouvelles qui semblent défier le temps, celles de ces «miraculés» des décombres qui maintiennent l’espoir, en Turquie ou en Syrie, de trouver des survivants au séisme qui a frappé la région il y a une semaine. Hier, c’est une petite fille que les sauveteurs ont extirpée d’un amas de béton et de tiges de fer à Antioche, cent cinquante heures après les premières secousses. La veille, c’était un enfant de 7 mois. Il y en aura peut-être encore un, ou deux, dans les vingt-quatre heures qui viennent. Il y a aussi ces bonnes nouvelles diplomatiques, comme cette visite d’un ministre grec en Turquie, alors que les deux pays sont plus qu’en froid depuis longtemps. Il y a aussi cette aide humanitaire qui devrait commencer à arriver en Syrie, y compris dans les zones tenues par l’opposition, victimes d’une véritable double peine, douze ans de guerre et une catastrophe dévastatrice. Mais que pèsent ces signaux faibles positifs face au tragique décompte des morts ? Que pèsent-ils face à cette phrase tirée du reportage d’un de nos envoyés spéciaux sur l’odeur «du bois que l’on brûle du soir au matin dans les rues afin de réchauffer les corps transis par le froid, et qui désormais ne parvient plus à couvrir l’odeur de la mort»? Le bilan officiel dépasse désormais les 33 000 décès. Mais l’ONU a prévenu hier qu’il fallait sans doute s’attendre à ce que ce chiffre double. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime, elle, que 26 millions de personnes pourraient avoir été touchées en Turquie et en Syrie, dont «environ cinq millions de personnes vulnérables». Des chiffres qui donnent le vertige, accentuent cette impression de fatalité que charrie tout tremblement de terre, et renforcent ce sentiment d’impuissance des hommes face à la puissance des éléments. Sauf que non. Une telle catastrophe est bien sûr une bonne occasion de réfléchir à la coque de noix dans la tempête, au feu qui couve dans les entrailles de la Terre, au big one qui mettra y compris les plus puissants d’entre nous à genoux. Mais il y a plus urgent, à penser, là, maintenant : apporter de l’aide, en Turquie comme en Syrie, encore et encore.
Editorial
Séisme en Turquie-Syrie : face à une tragédie vertigineuse, une assistance impérative
Séismes en Turquie et en Syriedossier
A Adiyaman, vendredi. Des rescapés se sont regroupés sur un terrain tandis que les secouristes tentent de retrouver d'autres survivants de la catastrophe. (Sopa Images /SPUS/ABACA)
par Paul Quinio
publié le 12 février 2023 à 20h23
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