Il aura suffi de deux mots, deux jours et d’une lettre de l’alphabet grec pour semer à nouveau la panique. En annonçant vendredi qu’un «variant préoccupant» du Covid-19, baptisé omicron, avait été détecté en Afrique australe, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a replongé la planète, ses dirigeants, ses peuples et ses marchés financiers, dans un amer cocktail d’impuissance, de désarroi et de précipitation. Dimanche, Israël est ainsi devenu le premier pays du monde à se barricader, interdisant l’accès à tous les ressortissants étrangers. Le Maroc et le Japon en ont rapidement fait autant. L’Australie, qui devait rouvrir partiellement ses frontières mercredi après vingt mois de verrouillage, y a renoncé. Tout comme les Philippines, où le retour des touristes programmé cette semaine est repoussé aux calendes grecques.
Affichant sa solidarité avec l’Afrique du Sud, qui se retrouve aujourd’hui coupée du monde pour avoir fait preuve de transparence sur sa découverte scientifique, l’OMS avait bien lancé dimanche un «appel pour que les frontières restent ouvertes» et que les restrictions de voyage – «une attaque contre la solidarité mondiale» – soient «basées sur la science». Mais comme souvent depuis le début de cette pandémie qui charrie bien plus de questions que de réponses, le calendrier politique, dicté par un principe de précaution nationaliste poussé à l’extrême, en particulier par les pays riches, n’est pas celui de la science. Et tant pis s