Réalisé par Julie Lerat et le journaliste du Point Armin Arefi, le documentaire en deux épisodes Gardiens de la Révolution, les maîtres de l’Iran retrace l’ascension des pasdaran – pilier central du régime iranien. Consacrées à l’analyse d’une montée en puissance, mêlant récit historique à éclairages humains, les deux parties du film seront diffusées ce mardi 1er juillet à 21 heures sur Arte.
Créée dans le tumulte qui a suivi la révolution de 1979, cette organisation paramilitaire, bras armé du guide suprême de la République islamique, Ali Khamenei est aujourd’hui une puissance à part entière, mêlant influence militaire, économique et politique. Architectes et piliers de la dictature iranienne, les Gardiens de la révolution ont su franchir progressivement toutes les portes du pouvoir avec pour mission de traquer sans relâche les ennemis du régime. Les deux épisodes de 50 minutes retracent cette trajectoire fulgurante, depuis les premiers idéaux révolutionnaires jusqu’à l’édification d’un empire d’influence tentaculaire. Un récit historique qui emprunte des airs d’enquête lorsqu’il confronte les archives vidéo de propagande aux narrations des proches des victimes de l’organisation. Un va-et-vient entre faits historiques et éclairage humain qui offre au spectateur une vision complète de la puissance de cette organisation qui tient le destin de l’Iran entre ses mains.
De défenseurs du peuple à oppresseurs
D’abord pensée comme une force populaire chargée de défendre la révolution islamique, l’organisation est peu à peu devenue un instrument implacable de répression et un acteur stratégique incontournable au Moyen-Orient. Le premier épisode revient sur la genèse des pasdaran : la chute du chah, l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeiny, la création de cette milice révolutionnaire et son enracinement dans l’appareil d’Etat. Le second, intitulé Les agents du chaos, explore les méthodes brutales de cette organisation devenue centrale dans la répression des opposants, en Iran comme à l’étranger. Au cœur du récit, deux destins brisés : celui de Rouhollah Zam, dissident politique enlevé par les services iraniens et exécuté en décembre 2020 et celui de Nazanin Zaghari-Ratcliffe, citoyenne irano-britannique emprisonnée pour espionnage entre 2016 et 2022. Des illustrations aussi glaçantes que nécessaires, qui interrogent le glissement d’un idéal révolutionnaire vers un appareil de domination et de terreur.
«Placer la géopolitique à hauteur humaine»
Pour Julie Lerat, la réalisatrice, ce documentaire est pensé comme un véritable travail pédagogique, qui tente d’éclaircir les enjeux de pouvoir en Iran. «Quand la société de production Program 33 m’a proposé ce sujet, mon beau-frère était otage des gardiens de la révolution. Or, dans ma famille, j’étais la seule à savoir placer l’Iran sur la carte.» Décrypter les rouages de cette organisation, comprendre les enjeux politiques, analyser les dynamiques de propagande, et «placer la géopolitique à hauteur humaine», autant de quêtes ont motivé la réalisation de ce documentaire. Les bombardements d’Israël le 13 juin sur l’Iran ont accéléré la diffusion, initialement prévue à la fin de l’été.