La petite base de la 59e brigade de l’armée ukrainienne est aussi lugubre que l’humeur du sergent Oleksander. Le soldat vit depuis plus d’un an, hormis deux semaines de permission, dans cette ancienne ferme des environs de Donetsk. Une maison principale, deux hangars et des dépendances qui ont en commun d’être en lambeaux. Les vitres aux fenêtres sont un concept oublié, remplacées par des bâches en plastique troué, des plaques de bois ou des caisses de munition. Entre les bâtiments, les ornières sont si profondes que les soldats ont dû les remplir avec de gros cailloux blancs. Même les arbres pelés semblent fatigués. Son unité est chargée de réparer les chars endommagés par les combats. Les premières positions russes sont à moins de 15 kilomètres. «Ils savent très bien où nous sommes, ils envoient souvent des drones. On a réduit la taille de la base pour être moins visés, mais bon, ça arrive encore régulièrement. Ce matin, à 4 heures, un obus a explosé juste à côté», dit Oleksander.
Le soldat de 29 ans déambule dans la boue qui aspire les semelles jusqu’à l’un des hangars. A l’intérieur, un char T-72, «pris aux Russes l’hiver dernier».