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En roue libre

Trump «très énervé» contre Poutine, Zelensky pas épargné, l’Iran menacé de «bombardements», «des méthodes» pour un 3e mandat… Le président américain multiplie les sorties

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Dans une interview ce dimanche 30 mars, le président américain a haussé le ton contre son homologue russe qui fait traîner les discussions sur une trêve en Ukraine, tout en menaçant l’Iran et en envisageant clairement de contourner la Constitution des Etats-Unis.
Donald Trump à Washington, le 28 mars 2025. (Evelyn Hockstein/REUTERS)
publié le 30 mars 2025 à 16h40
(mis à jour le 31 mars 2025 à 7h35)

Il arrive encore à surprendre par ses violentes incontinences verbales. Dans une interview téléphonique ce dimanche 30 mars auprès de NBC News, Donald Trump a d’abord changé de ton contre Vladimir Poutine, se disant «très énervé», «furieux», vis-à-vis du maître du Kremlin. «Si la Russie et moi ne sommes pas capables de parvenir à un accord pour mettre un terme au bain de sang en Ukraine, et je pense que c’était la faute de la Russie, je vais imposer des droits de douane secondaires sur tout le pétrole qui sort de Russie», a notamment assuré Trump auprès de NBC News.

Le président américain a menacé de mettre en place des «droits de douane de 25 % sur tout le pétrole», qui pourraient intervenir à «n’importe quel moment». Et celui-ci de lancer une mise en garde : «Si vous achetez du pétrole russe, vous ne pourrez plus faire d’affaires aux États-Unis». Le locataire de la Maison Blanche a toutefois fait savoir qu’une nouvelle discussion avec son homologue du Kremlin devrait avoir lieu dans la semaine à venir, après leur entretien le 18 mars.

Selon la journaliste de NBC, Kristen Welker, le président américain l’a appelée pour lui faire part de sa colère concernant les commentaires de Vladimir Poutine sur le futur de Volodymyr Zelensky à la tête de l’Ukraine. Le président russe a en effet évoqué l’idée d’une «administration transitoire» pour l’Ukraine, sous l’égide de l’ONU, afin d’organiser une élection présidentielle «démocratique» dans ce pays, puis négocier un accord de paix avec les nouvelles autorités

Dans des déclarations ultérieures dimanche, Trump a cependant modéré son ton à l’égard de Poutine pour s’en prendre à son homologue ukrainien, qu’il accuse de vouloir tourner le dos à un accord sur les minerais ukrainiens que les Etats-Unis veulent exploiter. S’exprimant à bord de l’Air Force One auprès de journalistes, le président américain a justifié sa frustration. «J’étais déçu d’une certaine manière», a déclaré Trump, notamment à propos de «certaines des choses que [Vladimir Poutine] a dites ces deux derniers jours au sujet de Zelensky, parce qu’il considère que Zelensky n’est pas crédible».

Donald Trump a ensuite dirigé ses critiques vers le président ukrainien. «Je vois qu’il essaie de se retirer de l’accord sur les terres rares. Et s’il le fait, il aura des problèmes. De gros, gros problèmes», a-t-il averti. «Nous avons conclu un accord sur les terres rares et maintenant il dit, eh bien, vous savez, je veux renégocier l’accord. Il veut devenir membre de l’Otan. Eh bien, il ne sera jamais membre de l’Otan. Il le comprend. Donc il cherche à renégocier l’accord». Zelensky avait annoncé vendredi avoir reçu des Etats-Unis une nouvelle version de l’accord sur les minerais stratégiques d’Ukraine, qui est, selon des médias, très défavorable pour l’Ukraine.

Depuis plusieurs semaines, les Etats-Unis tentent de négocier séparément avec Kyiv et Moscou un cessez-le-feu en mer Noire et dans les frappes qui visent les infrastructures énergétiques en Ukraine et Russie. Donald Trump insiste sur une fin rapide du conflit. S’il en avait fait un argument de campagne lors de la présidentielle, son administration n’a pas réussi à obtenir une avancée concrète malgré les discussions indirectes avec les deux parties.

L’Ukraine et la Russie ont accepté ces trêves sur le principe, mais leur mise en œuvre reste floue : Kyiv et Moscou s’accusent mutuellement de chercher à les faire échouer. Le président Vladimir Poutine n’a pas accepté un plan américano-ukrainien pour un cessez-le-feu de trente jours et a suggéré vendredi 28 mars que Volodymyr Zelensky soit démis de ses fonctions dans le cadre du processus de paix, ce qui a suscité la colère de Kiev. Samedi, le président Ukrainien a estimé que la Russie n’avait pas apporté de réponse adéquate aux initiatives américaines pour négocier un cessez-le-feu en Ukraine, faute de «réelle pression» exercée sur elle.

Trump s’en prend aussi à l’Iran…

Dans la même interview ce dimanche, Donald Trump a par ailleurs menacé l’Iran. Si Théréran «ne signe pas d’accord» sur le nucléaire, «il y aura des bombardements», a-t-il assuré à la chaîne NBC. Des responsables américains et iraniens se «parlent», a également fait savoir le président américain, sans préciser la nature des discussions, tout en évoquant la possibilité d’imposer de nouveaux droits de douane à l’Iran.

Le président américain, qui assume d’exercer depuis son retour à la Maison Blanche une pression maximale sur Téhéran, avait déjà prévenu vendredi que «les choses vont mal tourner» pour l’Iran en l’absence d’accord. Le milliardaire républicain avait retiré avec fracas les Etats-Unis d’un accord international avec l’Iran lors de son premier mandat, en 2018, mais se dit désormais ouvert au dialogue pour encadrer les activités nucléaires iraniennes.

… et n’exclut pas un éventuel troisième mandat

Le président américain a enfin répété envisager de briguer un troisième mandat à la Maison Blanche, ce qui est pourtant interdit par la constitution et son 22e amendement. «Je ne blague pas», a assuré Donald Trump. «Il y a des méthodes pour faire ça», a-t-il poursuivi tout en assurant que «beaucoup de gens veulent (qu’il) fasse ça».

Selon NBC, «modifier la Constitution pour abolir la limite de deux mandats serait extrêmement difficile, nécessitant soit un vote des deux tiers du Congrès, soit l’accord des deux tiers des États pour convoquer une convention constitutionnelle afin de proposer des changements». La chaîne explique avoir questionné Trump sur un scénario dans lequel son vice-président J.D. Vance se présenterait avant de céder son poste - ce qu’avait fait Vladimir Poutine avec son bras droit Dmitri Medvedev. «C’est une» méthode, a répondu Trump selon NBC, tout en arguant : «Il y en a d’autres aussi», sans plus de détails.

Mise à jour : à 20 h 17, avec l’ajout des propos de Donald Trump sur un éventuel troisième mandat ; ce lundi à 7 h 30 avec les menaces de Trump contre Zelensky.