Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky ne s’étaient pas parlé depuis le 16 juin, lors de la visite du président français à Kyiv, en compagnie du chancelier allemand, Olaf Scholz, et de l’alors patron du gouvernement italien, Mario Draghi. Les deux chefs d’Etat se sont entretenus ce lundi au téléphone, pour la 35e fois depuis le 10 décembre. Cet appel intervient trois jours après des frappes sur la prison d’Olenivka, dans un territoire séparatiste prorusse, qui ont fait des dizaines de morts parmi les prisonniers de guerre ukrainiens.
Le chef de l’Etat a réaffirmé «son soutien au peuple ukrainien et à sa résistance», et a rappelé que ces crimes ne devaient rester impunis, précise une source à l’Elysée. La France a fait don d’un laboratoire mobile d’analyse ADN, le 14 juillet, «un dispositif projetable sans équivalent dans le monde de la génétique médico-légale, permettant d’opérer rapidement des analyses génétiques d’une grande quantité de prélèvements biologiques», selon un communiqué du Centre de crise et de soutien du ministère des Affaires étrangères. Au mois d’avril, la France avait déjà déployé une équipe composée de deux médecins légistes et d’une quinzaine d’experts de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale afin d’enquêter sur les exactions massives commises par les forces russes.
«Nouveau type de guerre hybride»
Les deux chefs d’Etat sont également revenus sur la tournée africaine d’Emmanuel Macron, qui l’a mené au Cameroun, puis au Bénin et en Guinée Bissau. Une visite qui n’avait rien d’un hasard, puisque au même moment, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, se rendait en Afrique pour reconquérir une partie du continent. Durant cette tournée, Macron a accusé la Russie d’être «l’une des dernières puissances impériales coloniales», et a fustigé «le nouveau type de guerre hybride» que mène Moscou dans le monde. Lors de leur entretien téléphonique, les deux dirigeants ont «convenus de poursuivre leurs efforts conjoints pour contrer la désinformation russe à l’échelle mondiale».
Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky se sont parlé quelques heures après le départ du premier chargement de céréales ukrainiennes, du port d’Odessa, en vertu de l’accord signé à Istanbul entre Kyiv et Moscou. Le président français s’est réjoui que le navire Razoni ait quitté l’Ukraine, à destination du Liban, et «a indiqué que les efforts européens pour exporter les grains ukrainiens par voies terrestre et fluviale se poursuivront dans le cadre des corridors de solidarité».
Missile de croisière hypersonique
Il s’est aussi engagé à assurer un soutien macroéconomique à court terme afin de permettre la reconstruction du pays. Enfin, le locataire de l’Elysée s’est enquis des besoins militaires, humanitaire et économique de l’Ukraine, et a réitéré la poursuite de son soutien, au lendemain de l’annonce du Kremlin de se doter, dans les prochains mois, d’un missile de croisière hypersonique Zircon.
Interview
Ce dimanche, Poutine, qui a supervisé la parade navale à Saint-Pétersbourg à l’occasion de la Journée de la flotte russe, avec un défilé réunissant plus de 40 navires et sous-marins et environ 3 500 militaires, a annoncé faire l’acquisition de ce missile, d’une portée maximale de 1 000 kilomètres. Macron et son homologue russe ne se sont, quant à eux, pas appelés depuis le 28 mai, coup de fil auquel le chancelier allemand a assisté.