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Interview

Guerre Hamas-Israël : à l’hôpital Al-Shifa, «il y a des risques élevés de crimes de guerre des deux côtés»

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Guerre au Proche-Orientdossier
La juriste Mathilde Philip-Gay explique qu’en ciblant l’hôpital ­gazaoui ou en l’utilisant comme abri, Tsahal et le Hamas vont à l’encontre des conventions de Genève.
Un rassemblement devant l'hôpital Al-Shifa, dans la ville de Gaza, le 2 novembre. (Dawood Nemer/AFP)
publié le 13 novembre 2023 à 20h46

A Gaza, le complexe hospitalier Al-Shifa est devenu pour l’armée israélienne un but de guerre, une cible privilégiée. Tsahal assure que des hommes du Hamas s’y sont réfugiés et multiplie donc les frappes et les opérations contre l’établissement qui abrite des civils blessés et du personnel médical. Professeure des universités en droit public à l’université Jean-Moulin Lyon 3, Mathilde Philip-Gay rappelle que les conventions de Genève encadrent les pratiques des belligérants, qui s’exposent à des poursuites de plus en plus probables dans ce conflit entre l’Etat hébreu et le Hamas.

L’hôpital, avec les civils qu’il accueille et soigne, est-il un site particulier et protégé lors d’un conflit ?

Oui, il l’est. Les conventions de Genève et leurs protocoles protègent tout particulièrement les hôpitaux civils. Le grand principe du droit humanitaire est que la guerre peut être un peu humanisée. Les Etats se sont dotés de règles pour que les conflits puissent respecter certains objectifs, et en particulier celui de limiter les effets de la guerre sur les civils, mais aussi sur les combattants malades, blessés ou prisonniers. C’est un droit qui ne condamne pas la guerre, car elle est autorisée en droit international, mais qui fixe des garde-fous à l’action des Etats, comme Israël, et