La trêve n’est plus qu’un souvenir à Gaza. La parenthèse d’une semaine s’est brutalement refermée vendredi, dès l’aube, juste après l’expiration de l’accord conclu entre Israël et le Hamas. Une pluie de bombes de l’aviation israélienne s’est abattue toute la journée sur une dizaine de localités au nord et au sud de l’enclave palestinienne, faisant une centaine de morts, selon le Hamas. Des salves de missiles ont été tirées par l’organisation islamiste sur le territoire israélien. La confrontation a repris également à la frontière israélo-libanaise, où deux civils libanais ont été tués par une frappe israélienne. Tsahal assure avoir frappé, vendredi, «plus de 200 cibles terroristes» dans l’enclave palestinienne.
A Gaza, des milliers d’habitants, certains surpris dans leur sommeil, ont repris la route des hôpitaux et des écoles, transformés en camps de fortune pour les déplacés. L’armée israélienne a lâché des tracts appelant les habitants des quartiers de Khan Younès, dans le Sud, à évacuer les lieux. C’est là que les bombardements ont été les plus intenses. Là aussi que se concentraient des centaines de milliers d’habitants du Nord dévasté. Les forces militaires de l’Etat hébreu ont publié une carte, en arabe, des «zones d’évacuation», afin de permettre aux habitants de fuir certains secteurs. Réduisant encore plus l’espace déjà extrêmement exigu où s’entassent les 2,3 millions de Gazaouis.
Les responsables israéliens impatients de reprendre leur offensive
Israël et le Hamas se sont mutuellement accusés d’avoir rompu la trêve. Le premier via son Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, imputant au mouvement islamiste d’avoir «violé l’accord» en tirant «des roquettes» vers Israël. Le second accusant «l’occupation» de porter «la responsabilité du retour des combats, après avoir ignoré toutes [leurs] offres» en faveur d’une prolongation de la trêve. «Les négociations se sont poursuivies pendant la nuit, et le mouvement a offert d’échanger des prisonniers et des personnes âgées. Il a offert les corps de ceux qui sont morts pendant les bombardements israéliens», selon un communiqué de l’organisation.
La prolongation de la trêve était déjà compromise après la revendication par le Hamas, jeudi 30 novembre, de l’attaque à Jérusalem qui a tué quatre Israéliens, ainsi que les deux assaillants palestiniens. Dans le même temps, les responsables israéliens se montraient impatients de reprendre leur offensive sur Gaza, multipliant les déclarations dans ce sens ces derniers jours. «Le gouvernement israélien est déterminé à atteindre les objectifs de la guerre : libérer les otages, éliminer le Hamas et garantir que Gaza ne constitue plus jamais une menace pour les habitants d’Israël», a ainsi affirmé, dans un communiqué, le bureau du Premier ministre. Le porte-parole du gouvernement, Eylon Levy, a pour sa part promis au Hamas «la pire des raclées».
«Une très mauvaise nouvelle»
La reprise des combats a replongé la bande de Gaza dans un «cauchemar», a regretté le directeur général du Comité international de la Croix-Rouge, Robert Mardini. A l’unisson, les responsables internationaux ont déploré le retour des hostilités, du secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qui dit «regretter profondément» la rupture de la trêve, à la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, qui a déploré, en marge de la conférence sur le climat à Dubaï, «une très mauvaise nouvelle», et a jugé «indispensable» une reprise de la trêve entre Israël et le Hamas.
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La pause dans les hostilités avait offert un répit à une population assiégée, qui a connu sept semaines de bombardements dévastateurs. Elle a également permis la libération de 80 otages israéliens, des femmes et des enfants, et de 240 prisonniers palestiniens. Une vingtaine d’étrangers ou binationaux, en majorité des Thaïlandais travaillant en Israël, ont également été libérés hors du cadre de l’accord. La trêve a permis, par ailleurs, l’entrée de centaines de camions d’aide humanitaire à Gaza, à travers le passage frontalier avec l’Egypte, à Rafah, qui s’est à nouveau fermé vendredi matin.
Les Etats-Unis «continuent à travailler avec Israël, l’Egypte et le Qatar sur les moyens de prolonger la trêve humanitaire à Gaza», a déclaré vendredi un porte-parole de la Maison Blanche. Les Etats-Unis restent «focalisés» sur la libération des otages, a affirmé de son côté le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken. La fin de la trêve est, aussi, un coup dur pour les familles des captifs restés à Gaza.