Les Egyptiens baissent la voix quand ils le mentionnent dans l’espace public par peur des oreilles qui traînent. Il est surnommé «Roi du Sinaï» et son territoire qualifié de «péninsule Al-Argani». Celui qui a troqué ces dernières années sa djellaba et son turban de chef bédouin du Sinaï pour le costume cravate du puissant homme d’affaires qu’il est devenu a encore gagné en célébrité et en richesse depuis le début de la guerre à Gaza. Ibrahim Al-Argani, 53 ans, désigné comme super «baltagui», mot égyptien pour bandit, contrôle l’accès des hommes et des marchandises à la frontière entre l’enclave palestinienne et l’Egypte. A travers sa société de tourisme Hala, il détient le monopole du passage au prix fort des Gazaouis fuyant leur enfer au poste frontière de Rafah. Le PDG des Enfants du Sinaï, qui regroupe une myriade de sociétés aux activités diversifiées, perçoit également sa part pour les camions de marchandises traversant la même frontière.
Le natif du Nord Sinaï, membre influent de la tribu Al-Tarabin et dont la mère vient de Khan Younès dans la bande de Gaza, poursuit à grande échelle le trafic qu’il a commencé à la frontière entre l’enclav