A 7h30, ce dimanche matin, un petit groupe se forme sous le métro aérien, boulevard Vincent-Auriol, dans le XIIIe arrondissement de Paris. Pour l’instant, ils ne sont qu’une poignée, l’air hagard, les yeux rougis de fatigue, symbole d’une nuit que l’on devine très courte. Les valises s’entassent devant les deux autocars. Bientôt, ils seront 150 à y monter, destination l’Ukraine. Le premier bus roule vers Lviv, le second rejoint Tchernivtsi. Personne ne s’accorde sur le temps de trajet de ce premier convoi au départ de Paris, les estimations varient entre vingt et quarante heures.
«J’ai peur mais je n’ai pas le choix»
Emmitouflé dans un épais manteau, Igor a l’habitude du voyage. Ouvrier dans le BTP, «au noir», cet homme de 49 ans partage son temps entre sa ville natale, Ivano-Frankivsk, à 200 kilomètres de la frontière polonaise, et dont l’aéroport a été bombardé jeudi matin par un missile russe, et Paris, où il travaille sur des chantiers. «J’ai pris le bus pour traverser la frontière mercredi soir. Ma femme m’a envoyé un SMS : “Notre ville est bombardée.” Alors, j’y retourne. Il faut se battre contre la Russie, sinon notre pays va dispara