Les petites mains de l’ingérence informationnelle ont-elles profité de la campagne des législatives anticipées – brutale et polarisée comme jamais ces dernières décennies – pour tenter, comme elles en ont l’habitude, de jeter du sel sur les plaies béantes de la société française ? Sans aucun doute. Leur devons-nous, pour autant, la situation catastrophique dans laquelle nous nous trouvons, avec une extrême droite plus proche que jamais des portes de Matignon ? On ne prendra pas un grand risque en affirmant que les causes strictement endogènes – les dynamiques sociales et politiques, leur brutale accélération sous l’effet de la dissolution de l’Assemblée, à quoi on peut ajouter la montée à pleine puissance de l’écosystème médiatique bolloréen et ses effets de contagion – y ont très amplement suffi, sans qu’il soit besoin de convoquer au premier plan de ce paysage mortifère les menées plus ou moins clandestines d’une puissance étrangère.
C’est dire si l’on a été saisie d’un malaise certain à la lecture d’une étude consacrée aux «stratégies de subversion […] pilotées ou influencées pour la plupart par le Kremlin» à l’aune de ces législatives 2024, rendue publique dimanche par le projet Politoscope de l’Institut des systèmes complexes du CNRS, dirigé par le mathématicien David Chavalarias, et intitulée : «Minuit moins dix à